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    NoBloodyKnows


  • ps4

    Outward
    Editeur : Deep Silver
    Développeur : Nine Dots Studio
    Genre : Jeu de Rôle | MMO
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 26 Mars 2019
    Trophées : Oui
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    test de Outward

    Version Éditeur

    Test d'Outward

    Cela commence à devenir une sévère rengaine. A plusieurs reprises nous nous étions promis de ne plus vous faire le coup, de peur de suggérer une possible entourloupe. Croyez en notre bonne foi, et il faudra nous pardonner de procrastiner à nouveau. Pour ne pas changer il s'agit aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, d'un exercice de style pour un jeu qu'il l'est tout autant. Outward est un cas étrange à disséquer voire même intimidant. Son projet est audacieux, à la fois inédit et coutumier, empreint d'un parti-pris sans concession et identitaire. Bing. Avant de passer le désert au peigne fin (on se permet hors-contexte un clin d’œil appuyé à l'oeuvre de Mel Brooks), ne négligeons pas les présentations d'usage. Notre sujet se présente sous la forme d’un Action-RPG en monde ouvert dont le principe repose sur la survie et ses obligations. Tout un programme. Issu du marais créatif de Nine Dots Studio, petite structure du Québec (on ne parle pas de 100 employés mais de 10...), le titre édité par Deep Silver ne cesse de clamer ses ambitions à travers des carnets de développeurs débordant d'intrigues et mystérieux quant à la mise en place des mécaniques au sein de son univers. Et le moins que l'on puisse dire est que la formule est surprenante, parfois obscure et surtout adressée à un public averti. Sortir des terres battues, affronter des expéditions plus “humaines”, ne pas définir son protagoniste en tant que diamant au milieu de cailloux….tel est le credo mis en avant durant la phase de communication. Il n’y aura pas besoin de crier au scandale. Tout ce qui nous a été promis et présenté est bien livré dans le produit fini. Oui, tout cela était vrai...

     

    « Je n'suis pas un héros !!! »


    Depuis quelques années maintenant, nous assistons à l'émergence de productions qui vous tiennent par la main jusqu'à l'excès mais dont la bienveillance est avant tout à la mesure des ambitions de ses géniteurs : laisser un zeste de liberté tout en contrôlant la ligne rouge du récit. Par opposition, d'autres jeux choisissent de nous lâcher en pleine nature et d'expérimenter, tâtonner, essayer avant de saisir l'ensemble puis accepter le défi. Implacablement, Outward est de ceux-là. Sauf que pour l'accueil sexy, ou tout du moins sympa, on repassera.
    Si l'écran-titre laisse à penser à une aventure teintée de bravoure, la prise du pad ramènera à une réalité toute autre : ce n'est pas accueillant ni guidé pour la progression. Vous voilà prévenus.

    Rien que le didacticiel pourrait faire fuir la moitié d’entre nous. Il est terne, mal foutu et surtout en total décalage avec ce que le jeu aura à nous proposer, heureusement aurions-nous envie de dire. Il y a toutefois de quoi avoir peur et puisqu’il faut bien y passer, autant vous parler de suite de ce qui fâche: Outward a aisément une génération technique de retard. Cela est simple, la modélisation sommaire côtoie les textures pauvres et floues. Clipping, aliasing et autres copains du même acabit se sont tous donnés rendez-vous. Bien sûr, la gestion exquise de la lumière est appréciable et offre quelques panoramas saisissants. Nous restons cependant bien dubitatifs devant certains choix étranges concernant les palettes de couleurs en usage notamment dans les grottes, nous offrant un spectacle limite un peu cradingue. En soi, avoir des graphismes d’un autre âge ne nous dérange pas plus que cela mais n’allez pas croire qu’une tuerie caressera vos rétines, lassés de constater divers écueils entrecoupés de chargements longuets.

    Attention, nous sommes loin de la diatribe et nous sommes ravis de constater l’étendue du monde proposé, totalement ouvert et ode à la liberté d’exploration. Sans parler de la direction artistique très inspirée capable de poser des ambiances aussi sublimes que justes. Tout est finement orchestré par une OST grandiose brillamment composée par Jean-François Racine. Ecouter “Chersonese” devrait suffire à vous convaincre. On regrette juste un environnement sonore trop faible pour être en harmonie en raison de bruitages parfois étrangement absents.

    Toutefois, quel plaisir de déambuler dans un monde loin d’être vide avec des points d’intérêt à découvrir sans une grosse flèche nous indiquant la marche à suivre! Car oui il est vrai que nous nous sommes montrés un peu durs envers le produit mais cela est pour mieux vous révéler toute sa richesse.

    test de Outward
    Dernière vérifications avant le sommeil (agité)

    Outward aux mains d’argent


    Le projet est vraiment une Aventure, une vraie. Après avoir posé ses jalons, le scénario se met totalement en retrait pour que vous puissiez écrire VOTRE histoire. Et clairement, nous saluons bien bas cette initiative! Les développeurs sont intelligents, et rien n’est laissé au hasard: le jeu n’est pas superficiel, loin de là. Chaque élément sera subtilement présenté, murmuré comme pour ne pas l’exposer trop vivement. Et ça...c’est bien.

    Si Gothic et Risen vous parlent, vous pouvez quitter ce test et foncer sur Outward! Pour les autres, un temps d’adaptation sera nécessaire pour vous approprier les mécaniques. Celles-ci sont complexes mais une fois intégrées, le plaisir n’en sera que décuplé. Concrètement votre avatar, personnage parmi tant d’autres, n’est pas motivé par une quête initiatique ou prophétique. Seule compte la survie. Et pour éviter le trépas, se contenter d’observer sa barre de vie est insuffisant: il faut toujours s’adapter à notre environnement.

    Loin d’être dans le trip de l’hostilité totale, l’ultra-réalisme se manifeste avec brio. A vous de gérer votre équipement car si la température baisse, vous aurez froid ce qui a des chances de vous envoyer vers une mort certaine plus rapidement que prévu. A l’inverse, dormir près d’un feu après avoir passé la journée en plein cagnard vous collera une vilaine insolation. Et c’est à peu près pareil pour tout le reste! Pensez à emmener assez de réserves avec vous pour étancher votre soif ou vous nourrir. Prenez garde à ce que vous consommez car tomber malade vous donnera des malus très gênants pour la suite, et là non plus pas la peine d’espérer un quelconque remède qui vous soigne en un clin d’oeil. A vous de trouver le thé qui pourra vous soigner avant d’effectuer un somme réparateur, “comme dans la vraie vie”. Un sommeil qu’il vous faudra gérer si vous dormez au milieu des plaines en organisant des tours de garde pour éviter de se faire piller. Le temps alloué au repos est également important pour éviter de se réveiller déshydraté, par exemple.

    Et c’est en sens que le soft place une barre très haute, en rendant les choses logiques. Bien sûr vous ne réussirez pas tout du premier coup mais la solution est toujours cohérente. En prenant le temps de fouiner dans son inventaire et de bien lire les descriptions d’objets, les déconvenues peuvent être aisément évitées. Prendre un instant pour appréhender le tout sera une phase obligatoire, d’autant que l’ergonomie à la manette est bien pensée. Et quand bien même votre barre de vie sombre, Outward gère la mort avec beaucoup d’originalité. Pas de game over, chaque trépas offre une histoire alternative: inconscient à défaut d’être décédé, vous serez peut-être recueillis par des marchands bienveillants vous amenant à votre ville de départ. Ou alors vous serez emprisonnés par des brigands en attendant de servir de monnaie d’échange sur le marché des esclaves. Parfois votre équipement sera impacté, parfois non. Une bien belle idée parfaitement mise en oeuvre.

    test de Outward
    Manger pour survivre...encore faut-il l'attraper!

    Eh mec, il est où mon sac?


    En bon RPG qu’il est, Outward vous invite à discuter avec les PNJ, et certaines de vos réponses impactent les événements. En parlant d’échanges, s’il paraît appréciable de pouvoir choisir le doublage français, optez plutôt pour la VO tant notre langue subit une prestation perturbante et navrante. Dommage quand on mise sur l’importance des dialogues, mais le sous-titrage fait largement honneur à la prestation en anglais.

    Commercer est aussi indispensable pour acheter le nécessaire, vendre votre surplus et apprendre des techniques auprès des entraîneurs selon votre style de combat. Vous aurez à votre disposition de la monnaie courante ou de la poudre bleue qui seront à distiller avec discernement, des éléments à ne pas prendre frivolement car point de level-up déterminé par votre expérience. A vous d’acheter vos compétences utilisables, renforcer vos armes et protections. Tout dépend de vous et la faiblesse de votre personnage sera toujours le fruit d’ajustements manqués à recalibrer immédiatement, sous peine de mordre la poussière à de multiples reprises et engendrer une frustration qui n’a pas lieu d’exister.

    Et puisque nous parlons de loot, il est indispensable de vous évoquer votre meilleur allié et un personnage central: votre sac. Rien de difficile, les objets que vous transportez se trouvent soit dans vos poches, soit dans votre sac qui définit la taille de votre inventaire. Toutefois cela a un prix: en toute évidence, être muni de beaucoup d’affaires pèse son poids (même l’argent pèse!...pas de pavés s’il-vous-plaît) et réduit votre capacité de mouvement. Et foirer sa roulade au beau milieu d’un combat est toujours une tare...C’est en cela que le jeu nous permet de nous alléger en nous permettant d’une simple pression d’un bouton de lâcher notre sac, une décision à ne pas prendre à la légère: d’une, il faudra penser à le mettre dans un endroit sûr. De plus, chaque objet de votre sac sera bien sûr inutilisable pendant que vous vous mettez des baffes, vous obligeant à bien équilibrer ce qui vous y rangez et ce qu’il y a dans vos poches.
    Une partition qui se prépare donc, à l’instar de tout voyage où partir sans un minimum de précaution équivaut à se mettre en danger.

    test de Outward
    Un ami à vos côtés (au sens propre comme au figuré) pour l'affrontement. Un soulagement!

    J’en aggro sur le cœur!


    Petit regret en tout cas sur le système des rixes. Assaisonné “à la Souls” dirons certains, la lenteur et la mollesse de l’ensemble nous aura fait un peu chavirer. S’il reste intuitif et pas vraiment mal foutu, la raideur des animations et le manque d’impact lors des coups portés nous ont laissé de marbre. Les ennemis sont parfois assez costauds mais pas toujours malins, et on se retrouve souvent à se tourner autour avant de s’envoyer des parpaings. Pour le reste, on nage dans des eaux douces et familières avec garde, esquives, frappes classiques et spéciales avec un arsenal assez complet pour que chaque joueur y trouve son compte. L’utilisation de la magie est assez particulière et fastidieuse, à cause notamment de l’obligation d’utiliser des pierres mais une fois les choses comprises tout rentre dans l’ordre.

    Alors pourquoi ne pas être plus sévère avec Outward alors que les combats sont brouillons? Parce que ceux-ci ne sont pas catastrophiques non plus et surtout...pas obligatoires.
    En restant accroupi et en restant discret, il est tout à fait possible avec le temps de démolir une cible dans le dos ou tout simplement l’éviter! C’est ce que nous avons fait lors de notre deuxième run où nous avons choisi d’aller le moins possible au contact, en évitant les camps de bandits assoiffés de sang. Tout juste avons-nous décidé de leur rendre visite pour leur piquer 2 ou 3 bricoles utiles et plus vitales pour nous que pour eux. En usant de fourberie par la conception et le dépôt de pièges. L’arroseur arrosé.

    Pas de sanction donc tellement le titre fait mouche sur ce qu’il a décidé d’être. La découverte dépendra de vous et même la carte n’indique pas votre position, vous montrant seulement quelques grands lieux pour faciliter votre repérage. En outre, sans recherche, vous passerez à côté de plusieurs donjons.

    A vous de choisir comment vous souhaitez vous y prendre car les clés sont entre vos mains, les concepteurs ayant poussé ce choix dans ses derniers retranchements. Idem pour la cuisine où vous aurez un panel d’options: ou vous achetez les recettes, ou vous expérimentez pour les découvrir. Cette efficacité imparable se retrouve dans chaque aspect, dont chacun d’entre eux mériterait un paragraphe spécifique. Cela nous démange mais ce serait vous tromper que de casser la dynamique de découverte voulue. Votre liberté sera votre songe dès la première quête et dès votre choix de faction. Mais taisons-nous pour que le délice vous surprenne autant que nous l’avons été.

    Enfin, un mode coopératif est bienvenu. En local il sera possible de se gêner, le manque de visibilité de l’écran splitté n’aidant pas: ce serait cracher dans la soupe tout de même, et nous apprécions l’initiative. De surcroît, le mode en ligne permet également de former un duo d’explorateurs, facilitant certaines tâches. Et dormir à 2 à la belle étoile a quelque chose de réconfortant! La communication restera importante (on vous conseille le micro) pour vos interactions en dépit du fait que cela vous donnera des phrases improbables (“Hé! On lui donne le bouclier-champignon à la vieille ou on s’en fout?”). Le jeu se veut dans ces moments totalement présenté sous un autre angle avec un petit côté faux-MMO rétro. Car oui en 2019, mettre des objets au sol pour les filer à son partenaire peut paraître vieillot. Pas infâme pour autant, surtout pour les vieux briscards dont les souvenirs seront ravivés à chaque instant.

    Un tour de force? Bien plus encore.

    test de Outward
    Un plans poignant malgré une technique en berne.

     

    Note du test 8.5/10En conclusion :

    Pas de fast-travel, pas de retour au chargement précédent, pas d’aide automatisée. Tout cela, Outward fait plus que le refuser: il le rejette en bloc. Bien lui en a pris car le studio fait tout pour que le joueur se prenne en main en évitant de l’insulter par une assistance outrancière. Assumé comme tel, sans pétarade ni grands moments de spectacle, le jeu fait partie des expériences intemporelles et trouvera plus facilement écho chez les gamers de MMO et/ou RPG du début des années 2000. Cependant tout est mis à disposition pour triompher d’une difficulté apparemment insurmontable, contournable dès l’assimilation effective. Revenu d’entre les défunts suite à un Kickstarter échoué, Nine Dots prend le risque de ne pas édulcorer sa vision. Pour nous, cette marque de respect est évidente autant que l’affect que nous portons au produit. Pas le plus beau de la classe, certes. Mais l’un des plus doués.

    Les plus

    Riche et profond
    La sensation de voyage
    Cohérent sur toute la ligne
    Exigeant mais juste
    Une rejouabilité de feu

    Les moins

    Techniquement indigent
    Des combats un peu mous
    Peu accueillant pour les nouveaux-venus


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