L'antre de Lonewolf : [L'antre de Lonewolf] Zombies et jeux vidéo : l'invasion !

La mode du zombie fait fureur dans tous les médias, et le jeu vidéo n'y échappe évidemment pas.

Posté le Vendredi 05 Juillet 2013 à 20:00 par Lonewolf
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Ah, le zombie. Figure classique de la pop culture et de la culture geek, il est revenu en force depuis quelques années à travers le cinéma et la littérature, et maintenant avec le jeu vidéo. Bon, pour commencer, si je vous dis "zombie", qu'est-ce qui vous vient à l'esprit, là, comme ça, tout de suite ? Sans aucun doute un cadavre vivant en décomposition et qui veut bouffer de la chair fraîche bien vivante et du cerveau, n'est-ce pas ? Une représentation classique, donc. Mais avant de débuter ce qui nous intéresse le plus (à savoir le zombie dans le jeu vidéo), je vais vous faire un petit point sur le zombie en général, dont la représentation que je viens de citer là est relativement récente. Donc, c'est parti pour un assez long article.

I - L'origine du zombie

Le zombie tel qu'on le connaît aujourd'hui n'a strictement rien à voir avec sa nature originelle. Il s'agit en effet à l'origine d'une créature du folklore vaudou, parfois appelée zombi. Il était donc surtout connu dans plusieurs pays d'Afrique noire et aux Antilles, et il s'agit alors d'un mort réanimé (ou d'un vivant drogué et en transe) qui obéit aux ordres du sorcier du culte vaudou qui lui a lancé le sort. Et ce n'était rien de plus. Le premier film de zombie de l'Histoire du cinéma n'est autre que Vaudou, de Jacques Tourneur, sorti en 1943, qui reste, comme l'indique ce titre français, dans cette vision du zombie. C'est dès 1915, par l'occupation d'Haïti, que les Américains font connaissance avec le mythe. Une autre belle représentation du zombie originel vaudou est Bombie le Zombie, personnage créé en 1949 par Carl Barks qui pourchasse, sur ordre du sorcier Houla Lala, Balthazar Picsou qui avait détruit le village commandé par ce même sorcier. Don Rosa l'a également utilisé rapidement dans La Jeunesse de Picsou, quand il relate cet épisode de la vie du milliardaire, et un peu plus tard également.

C'est en 1968 que sort le film qui va revoir toute la mythologie du zombie et en donner une nouvelle vision qui est largement dominante aujourd'hui : La Nuit des Morts-Vivants, petite perle de film d'horreur signé George A.Romero, et point de départ de ce qui sera une tétralogie (complétée par Zombie, Le Jour des Morts-Vivants, et Land of the Dead : Le Territoire des Morts). Ici, les zombies sont des morts ramenés à la vie et qui se mettent à pourchasser les vivants pour s'en nourrir. Pas de contrôle, juste des prédateurs apparus du jour au lendemain. Romero avait d'ailleurs imaginé, dès Zombie, cette petite phrase poétique en guise d'origine des créatures : "Quand il n'y a plus de place en Enfer, les morts reviennent sur terre."
La littérature avait également amené sa pierre à la réécriture, avec notamment Frankenstein, de Mary Shelley, publié en 1818. Shelley restait toutefois proche du mythe vaudou tout en amenant des éléments qui lui sont propres : la création complète d'un corps par morceaux, l'autonomie et l'intelligence de la créature, son désir de vie...

Pour d'autres détails et références, n'hésitez pas à aller sur la page Wikipédia du zombie, d'où j'ai sorti la plupart des infos les plus détaillées. Sinon, on continue ^^

II - La première vague de zombies

Hé oui, n'allez pas croire que la mode actuelle est récente, bien au contraire. Romero avait lancé, avec La Nuit des Morts-Vivants, un tout nouveau genre de film d'horreur, avec une créature jamais vue auparavant, et qui faisait écho au plus grand prédateur de l'Homme, sa plus grande peur, le possible instrument de sa destruction : lui-même. Ce qu'il n'avait sans doute alors pas envisagé, c'était qu'il lançait aussi un phénomène qui a explosé à une vitesse folle. Un phénomène qui, alors, se cantonnait principalement au cinéma, mais qui a rapidement eu des effets négatifs...

En effet, le film a été un tel succès que tout le monde s'est mis à faire du zombie ! Mais vraiment tout le monde. Le genre marchait, le public était demandeur, et c'est vite devenu une véritable sous-industrie du cinéma. Dans les années 70 et 80, on tournait sans doute plus de zombies que n'importe quoi d'autre, dans les sociétés spécialisées dans le film d'horreur ! En vrac : films originaux, suites non officielles du film de Romero, plagiats avérés, etc... Mais l'effet pervers ne s'est pas fait attendre. Étouffé par une véritable surproduction, le phénomène a vite décliné. On continuait de produire en masse, mais c'était tellement bâclé pour être sorti rapidement et rapporter sans se poser de questions que le zombie était devenu risible. Oui, on riait devant ces films tant c'était ridicule et maintenait artificiellement en vie une mode qui s'est étouffée par l'ampleur de son phénomène. Après la case "nanar" (dont vous pouvez avoir un très léger aperçu grâce à Nanarland) est tout simplement arrivée la disparition quasi complète du genre. Pas totale car il y avait encore un public et quelques producteurs prêts à se lancer dans l'aventure. Mais on était revenu au même stade qu'à l'arrivée de Romero. Une destinée qui n'est pas sans rappeler celle du western (et notamment le western spaghetti), passé, à la même période, par les mêmes problèmes.
Ainsi se termina la première vague du zombie dans la culture populaire.

III - Renaissance et réinvention

Mais puisqu'il existait encore des productions et un public, difficile de ne pas croire qu'il finirait par exister en quelque sorte un nouveau Romero, qui rendrait au zombie sa splendeur d'antan. Et ceci arriva en 2003 et 2004. En 2003, Danny Boyle nous sortait 28 Jours plus Tard. On y suivait un homme qui sortait d'un profond coma alors qu'une grave épidémie s'était abattue sur Londres, la transformant en ville fantôme... En 2004, ce fut au tour de Zack Snyder de se révéler à la face du monde avec son superbe remake de Zombie, le deuxième film de la tétralogie de Romero (et le plus culte et connu) : L'Armée des Morts.
Et là, vous vous demandez quand je vais parler de jeux vidéo. Patience, ça vient. Je vais tout de même faire l'effort de vous rappeler une autre œuvre culte dans le domaine du zombie,et bien dans le jeu, cette fois, sortie bien avant ces deux films : Resident Evil, datant de 1996. Resident Evil rendait un bel hommage à Romero, mais ne réinventait pas vraiment la figure du zombie. Au contraire des deux films que je cite, qui ont introduit des zombies coureurs, assez intelligents, et issus d'une infection. Alors que les zombies originaux étaient lents et traînaient les pieds, cons comme des manches (disons-le franchement, hein ^^), et sortaient de nulle part, de simples cadavres réanimés. Ici, on réinvente caractéristiques et origines.

Il n'en fallait pas plus pour relancer le zombie, tant ceci ouvrait de nouvelles voies pour les différents médias.

IV - Seconde vague zombie

Et nous voici donc, depuis une dizaine d'années, en plein dans la seconde vague zombie. Une vague qui s'est étendue, cette fois, à presque tous les supports médias. Le genre du film de zombies est relancé, le comics a son ambassadeur avec The Walking Dead de Robert Kirkman, le manga et les romans l'utilisent aussi, tout comme la télévision, et le jeu vidéo ne pouvait pas faire exception. De simple chair à canon dans des jeux à ambiance fantastique (comme Castlevania), le zombie est devenu, dans notre média favori, une mythologie à part entière, s'invitant même parfois là où on ne l'attend pas, comme par exemple dans Call of Duty ou l'extension Undead Nightmare de Red Dead Redemption, voire même dans les pérégrinations des joueurs au cœur des yakuzas avec Yakuza : Dead Souls. Après tout, il s'invite même dans la SF en devenant le troufion de base de l'armée des Moissonneurs dans Mass Effect... Oui, ça y est, je parle jeux vidéo, là ^^

Le constat est simple : il ne se passe désormais plus une année sans que l'on ait droit à facilement deux ou trois jeux de zombies au minimum. Que ce soit des jeux originaux, des suites, ou des bonus qui viennent juste exploiter la créature là où ce n'est pas fait dans le jeu principal (voir quelques exemples dans le paragraphe précédent). Le dernier exemple en date n'est autre que The Last of Us. Alors, oui, d'accord, ce n'est pas vraiment un jeu de zombies puisque les ennemis n'en sont pas. Mais Naughty Dog a clairement développé les effets du cordyceps avec les zombies en tête. Jugez plutôt comme les codes sont repris : infection, pandémie, pas de vaccin ni d'antidote connu, les infectés ne font qu'errer sans but en attaquant tout organique qui passe à portée et ne se privent pas de les manger sur place, attaques en meute, etc... Si le jeu n'utilise pas le classique du cadavre en décomposition (quoique, les infectés de niveau 1, les Coureurs, y ressemblent pas mal), il reprend néanmoins tous les codes du genre, en se permettant de réinventer la figure classique, notamment avec les Claqueurs et leur ouïe surdéveloppée qui compense leur totale cécité...

La seconde vague zombie est donc là depuis une dizaine d'année et semble clairement à son apogée à l'heure actuelle. On nous annonce encore d'autres jeux avec eux, d'autres livres, l'adaptation de World War Z est au cinéma et d'autres arrivent encore... Bref, le zombie est magnifique. Et demain ? Nous verrons ça en conclusion. Pour l'instant, intéressons-nous à ce qui fait l'intérêt du zombie dans le jeu vidéo.

V - Pourquoi le zombie comme ennemi ?

La première explication est souvent la plus simple : c'est à la mode, donc, on utilise et on ramasse l'argent. Voilà pour ceux qui n'ont pas d'imagination, donc. Mais il peut y avoir bien d'autres raisons.
Le zombie est, par exemple, totalement apolitique et non polémique. C'est quoi, finalement, un zombie, sinon un tas de chair morte qui veut vous bouffer ? Que peut-on trouver de moins polémique qu'un prédateur qui chasse toute proie potentielle visible et dont on se débarrasse sans états d'âme parce qu'il est déjà mort et que la survie importe plus que le reste ? Bon, il restera toujours les délires nanars des zombies nazis, mais c'est hors catégorie, ça.
On peut également y voir, comme je l'ai dit plus haut, une allégorie de la nature prédatrice de l'Homme pour l'Homme. Surtout si la meute vient d'une pandémie et que le virus est artificiel. Là, vous avez un superbe combo pour une critique sociale et des personnages fouillés tout en cassant du mort sans remords. Superbe pour un jeu vidéo, donc.
Il y a bien sûr le moyen de le combiner à la fin du monde et obtenir du post apocalyptique. Oui, ça marche bien aussi. Et parfois, ils peuvent aussi être juste un prétexte pour mettre en scène un ou des personnages qui seront le véritable cœur du jeu à travers leur aventure.

Si on y réfléchit bien, il y a presque autant de lectures possibles du zombie que de réécritures potentielles. Et puis, dans le fond, c'est fun de les éclater, hein ? Et rien que pour ça, même quand la mode sera passée, le zombie aura toujours sa petite place dans le jeu vidéo.

VI - Et demain ?
Ah, demain... Je ne suis pas voyant, mais vu l'ampleur de la production zombie, il ne fait guère de doutes que la situation des années 70 et 80 pour le cinéma va se reproduire, et à plus grande échelle, cette fois. Quand arrivera-t-on à l'overdose ? Excellente question... Ce sera toutefois l'occasion de réinventer à nouveau la figure du zombie en profondeur. Et peut-être de lancer une troisième vague, qui sait ? Après tout, les modes sont cycliques. Le zombie disparaîtra pour ne vivre que de quelques productions sporadiques, puis finira par faire son grand retour quand les autres modes auront lassé à leur tour. Car, après tout, tel est le destin de la fiction, entre réinventions et vagues sur lesquelles surfer...

Donc, ne vous en faites pas, amateurs de morts-vivants, le zombie ne mourra jamais vraiment. C'est là sa nature ;)

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