Evénement : Digimon Adventure : Last Evolution Kizuna - La fin est bonne en toute chose
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La tradition les amis, la tradition ! Une invitation pour aller au Grand Rex ne se refuse pas. Le sujet du jour ? Digimon, une série qui naquit il y a 20 piges et qui dispose d’une base de fans assez dense.

Posté le Mercredi 07 Octobre 2020 à 21:20 par NoBloodyKnows

Mais revenons-en aux coutumes : l’habituelle étape du passage sur Paris pour votre envoyé très spécial ! La face masculine du NBK débarque dans la place et… rien. Nada, peanuts. Aucun retard à signaler, aucune course, aucune anicroche pour se retrouver dans le 2ème arrondissement de Paris.

 

A le voir comme ça, saillant et imposant, le célèbre cinéma en jette ! Bien qu’en avance, force est de constater la présence de quelques puristes prêts à voir la bête (jeu de mots assez convenu...d’ailleurs j’en conviens !).

Les distances respectées, il est temps de se plonger dans l’univers concocté par le réalisateur Tomihisa Taguchi. C’est que l’enjeu est de taille : il s’agit de clôturer une saga entreprise il y a si longtemps désormais. Une claque qui ne nous rajeunit pas…

 

Digi-môme

 

Une petite interview se déroule à l’accueil, histoire de recueillir les attentes de chacun. Et que dire ? Quasiment toutes les personnes présentes sont des fans, des vrais. Ceux qui ont suivi chaque évolution et qui connaissent le nom de chaque Digimon. Je fais un peu intrus ici : je n’ai jamais suivi la saga. Probablement en raison de mon âge, allez savoir ! Toujours est-il que oui, dans l’assistance, je ne me sens pas tout jeune. C’est comme ça.

 

Un petit jeu plus tard (une appli qui vous transforme en Digimon) et me voilà au 3ème rang de cette avant-première, prêt à observer la conclusion d’une génération. Car oui le thème donne le ton : il y aura un côté dramatique. La production de Toei n’a pas vraiment le droit à l’erreur : pour mettre un terme à tout ceci, il faudra accepter que grandir, c’est forcément perdre quelque chose. Une allégorie de la relation entre les spectateurs et la série Digimon ? C’est tout à fait exact.

 

Après avoir posé ses jalons au Japon au début de l’année, voilà que le produit débarque en force le 24 Septembre sur le territoire français, terre fertile pour accueillir une oeuvre de cet acabit. Et cela, le directeur de Toei Animation Europe le sait. Il n’y a qu’à entendre son discours préliminaire à la diffusion, plein de sympathie et bourré d’humour. Cela fonctionne et même moi qui suis dans un contact moindre avec Digimon, je me marre franchement. Tout est plein d’enthousiasme et les mots respirent la sincérité, ce qui est finalement la meilleure des promotions.

 

Depuis des années, tout le monde a évolué et c’est ce que nous fera découvrir le métrage…


Grand Rex

Digimonde

 

Il faudra encore patienter : Digimon Survive, à paraître sur nos PS4, se dévoile en premier au sein d’une vidéo assez longue. Rien de bien transcendant cependant car rien ne nous montre vraiment ce qu’est le jeu. Les scènes s’enchaînent et tout cela est vraiment superbe, à n’en point douter.

 

Et puis… voilà que le film se décide à se montrer. Et il fallait voir l’exaltation au premier rang, dont les membres auraient pu chanter à tue-tête le générique si cela était possible ! Et d’entrée de jeu, cela est terriblement efficace. Même constat, tout est beau et particulièrement bien animé. D’accord, on reprochera certains visages vus de loin très sommaires (les fameuses tronches sans yeux !) mais globalement, rien à redire sur le chara-design, particulièrement réussi.

 

N’y allons pas par 4 chemins : la première scène est là pour que nous en prenions plein la gueule. Et cela fonctionne parfaitement ! Les plans sont singuliers, le montage dynamique, ce qui n’empêche en aucun cas la lisibilité de ce qui nous est présenté à l’écran. Bien sûr, les évolutions sont mises en avant comme il faut et le combat traîne un peu en longueur, histoire de prendre le temps de faire entrer les protagonistes.

 

Le tout saupoudré d’une OST qui balance et qui confirmera ce statut tout au long du récit. Le meilleur point de cette transposition cinématographique, à n’en point douter !

 

Digimode

 

Un peu de légèreté, un choix des couleurs éclatant : oui cela démarre fort bien. Et curieusement, Digimon me donne l’impression que le moment sera doux. En dépit de nombreuses séquences destinées à faire fondre le coeur des aficionados, les néophytes ne sont pas laissés de côté tant le message est clair ! 

 

Oui pour Tai, Matt et les autres, l’heure va être au choix, celui qui nous met en transition vers l’âge adulte. Le scénario n’est pas réellement un modèle du genre mais sa mise en scène est bonne voire parfois brillante ! Des parties plus lentes posent le décor, et tout est histoire de dilemme. Le casting prend de l’âge et il est impossible de rester comme avant, à l’instar du spectateur qui a aussi changé. Les facettes mélancoliques sont bien dosées et quelques moments se révèlent franchement drôles.

 

Le thème est dur et brasse large. Quelques questions sont posées, comme la nécessité de se projeter dans l’avenir plutôt que de se retrouver coincé dans le passé. On y évoque même, très succinctement, la sexualité mais aussi et surtout le monde du travail, qui devient une réalité pour nos protagonistes. Les choses mutent, engendrant une situation identique pour ceux qui auraient approché de près cette réalité.

 

Les silences sont parfaitement générés et les retournements de situation idéalement placés. Certes, l’objectivité n’est pas de mise : ce processus fonctionne allègrement sur moi. Cependant, impossible de crier à l’ennui !



 

Digimon à Lisa

 

Avec des réussites épiques et des dialogues loin d’être mièvres, on se retrouve avec une profondeur qui sait comment manipuler nos sentiments. Néanmoins, certains aspects sont un peu vite expédiés et il est évident qu’avec une galerie de personnages aussi complète, impossible de tous les développer correctement. Qu’importe ! Digimon ne s’embarrasse pas de l’inutile et fonce directement vers son sujet, en faisant en outre preuve de tact, décisif pour ne pas tomber dans le piège du cliché à outrance.

 

On recommandera un doublage exquis (en VO) et une traduction juste qui nous expédient dans cette quête où le “pouvoir de l’amitié” est le leitmotiv. Bien évidemment, il était impossible de ne pas nous montrer quelques nouveautés et le métrage s’en sort relativement bien, tout en essayant de faire le maximum pour éviter de passer en revue l’ensemble de ses troupes par obligation.

 

Quelques effets en jettent et en dépit d’une durée un poil trop courte (1h34), la lettre d’adieu est belle. De la résignation jaillit l’acceptation. Bien sûr, le passage entre les âges est toujours douloureux. Ici, nous avons l’impression que le film sert à nous accompagner, en mettant en valeur la nécessité de se préparer à l’inéluctable. Pourtant, aucune impression de voir le public infantilisé. Probablement parce que lui aussi a poussé. Petites filles ou garçons, il ne reste plus que des femmes et des hommes qui ont franchi un palier. Il restait juste à escalader cette montagne-ci.

 

Grand Rex

 

Digimon on a stick

 

Il faut savoir passer à autre chose tout en gardant le meilleur. C’est en cela que les derniers instants seront savourés par celles et ceux qui savent qu’il s’agit du dernier round, qui se termine en apothéose face à un adversaire aussi désabusé que classieux. Une grandiloquence qui n’en finit plus au point de se demander comment la boucle sera-t-elle bouclée.

 

La fin y répond étrangement sobrement, sans chercher à s’étaler froidement. Elle ne sera curieusement pas bien longue et c’est probablement sa plus grande qualité. Une conclusion à la fois heureuse et triste, où l’arrachement côtoie l’espoir. Une sobriété qui ne fait que renforcer l’impact grandissant du message qui nous est porté.

 

Quelques larmes dans la salle en disent long. Les jeunes hommes enflammés du premier rang se sont arrêtés à leur tour, conscients de la situation qu’ils étaient en train de vivre. Le dernier voyage en commun. Digimon, du moins la série originale, cela s’arrête ici. Un reboot est déjà opéré mais ce n’est pas le sujet : il va falloir se séparer des héros de l'enfance à tout jamais, et ce malgré toutes les aventures vécues.

 

Ce n’est jamais une évidence, même s’il faut savoir s’y rendre. Ce ne fut pas la première fois que nous devions affronter la réalité. Le temps que la lumière revienne et de voir les visages des spectateurs encore masqués et marqués mais apaisés. Un tonnerre d'applaudissements (que dis-je ? Un “ouragan”) et une sortie dans le calme le plus absolu. Chacun retournera dans son antre à l’issue.

 

“La fin est bonne en toute chose”.

 

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