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    Kiapadnom


  • ps3

    Deadly Premonition : The Director's Cut
    Editeur : Rising Star Games
    Développeur : Access Games
    Genre : Survival-Horror
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 25 Avril 2013
    Trophées : Oui
    Trophée Platine 1 Trophée Or 1 Trophée Argent 6 Trophée Bronze 52 | Trophée Secret 57
    60 trophées au total

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    Test Deadly Premonition : The Director's Cut

    Publié le Mercredi 22 Mai 2013 à 20:13 par Kiapadnom
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    Long a été le chemin qu’a emprunté Deadly Premonition pour arriver sur PlayStation 3. Paru uniquement au Japon en 2010 sur la console de Sony, sous l'appellation Red Seeds Profile, le titre a bien effectué une percée sur le sol européen la même année, mais seulement sur Xbox 360. Trois ans plus tard, voilà que le survival-horror développé par Access Games débarque pour de bon dans une version Director’s Cut et constitue, malgré un âge déjà avancé pour un jeu, une vraie nouveauté sur PS3.

    Un jeu qui ne laisse pas insensible...

    N’ayant aucun background de référence en terme de jeu, de technique ou de contenu par rapport à la version originale, on se lance dans l’histoire de cette édition Director’s Cut sans trop savoir à quoi s’attendre. Néanmoins, pour les quelques informations connues au sujet de Deadly Premonition, il en est une qui revient avec une étonnante récurrence : la référence à la mythique série TV Twin Peaks créée par le réalisateur David Lynch. Une analogie plutôt flatteuse et franchement appétissante quant on connaît la qualité de celle-ci. Même si les divers emprunts (et ils sont très nombreux) pourraient sembler une idée intéressante, leur accumulation pousse inexorablement le joueur, d’autant plus s’il connaît la série, à un jeu de comparaison systématique qui se solde invariablement à la défaveur de Deadly Premonition.

    metal gear rising revengeance L'agent spécial York, la clope au bec, en route pour Greenvale

    On incarne l’agent spécial du FBI Francis York Morgan envoyé par sa hiérarchie enquêter sur un horrible crime perpétré dans la petite ville (en apparence sans histoire) de Greenvale. Un tueur au manteau rouge et aux coups de hache généreux y sévit et il vous faudra chercher une vérité parfois bien maquillée, souvent sordide, oscillant à la frontière d’une réalité physique et celle plus éthérée d’un monde parallèle inquiétant. Une sorte d’univers halluciné où navigue l’agent York qui, pour rajouter à un ensemble déjà très déstabilisant, s’avère être schizophrène sur les bords et au milieu. On le voit d’ailleurs sans cesse converser avec son double nommé Zach tout en s’enfilant des clopes à tour de bras.

    On peut d’ailleurs marquer un temps d’arrêt et s’amuser à relever les similitudes avec “la patte” de David Lynch, qui à ce niveau tiennent plus de la copie carbone, que d’une inspiration constructive. Le synopsis du jeu flirte (épouse même) celui de la série où l’on retrouve le même arc narratif traitant de la noirceur humaine qui se cache derrière la pudibonderie et le puritanisme de façade de la société américaine, si cher au réalisateur. Agent fédéral, meurtre sauvage, bourgade isolée, personnages énigmatiques, etc.... Même la dualité psychologique de York est pompée sur des films tels que Lost Highway ou Mulholland Drive. On pourra également noter la troublante ressemblance entre l’immatérialisme maléfique (et même les couleurs employées) du monde dans lequel évolue York et la Black Lodge dans Twin Peaks. Pour les connaisseurs, la concordance entre les deux peut même être poussé jusqu’au goût immodéré que porte le héros au café noir.

    Votre première rencontre avec le tueur à l'imper rouge

    ...mais perclus de trop nombreux handicaps

    L’analyse croisée étant achevée, poursuivons mais sans s'embarrasser de pesantes et inutiles circonvolutions. Laissons place à une prose un peu plus acérée et axée sur le jeu en lui-même. Dès les premières minutes de jeu, ne vous jetez pas sur votre télécommande à farfouiller dans les options d’affichage de votre écran. Tout est parfaitement normal. Parfaitement moche aussi, mais normal. Vous aurez sous vos yeux plissés et endoloris la parfaite représentation de ce qu’une technique graphique totalement éculée et désuète est capable de produire. Même la PS2 se bidonnerait devant pareil agglomérat de pixels. Des textures aussi minces qu’une feuille de papier ou à défaut très grossières selon ce qui est représenté font de Deadly Premonition une ode à l’aliasing et au cubisme. Au moins ça peut correspondre à certains goûts artistiques.

    metal gear rising revengeance Retenir sa respiration ? Ou ne pas pouffer de rire ?
     
    Glisser dans la salle de bains, ça peut très mal se terminer

    Si graphiquement le titre est, n’ayons pas peur des mots, indigne, le gameplay n’est pas en reste non plus. Et figurez vous que ce sont pourtant deux des améliorations “théoriques” de cette version Director’s Cut. Paraît-il qu’on aurait gagné en maniabilité avec un remaniement de la caméra. Petite parenthèse puisque le sujet est abordé : parlons un instant des autres ajouts justifiant cette réédition. Certains déséquilibres dans le gameplay auraient été gommés, dont la difficulté générale du titre, tandis que les compatibilités PlayStation Move et 3D stéréoscopique ont été rajoutées. On n’ose d’ailleurs en imaginer le résultat. Quant au niveau des contenus bonus à proprement dit, ils se limitent miséreusement à de simples cut-scenes en introduction de chaque tête de chapitres. 

    Mais revenons en au gameplay. Vous devrez donc percer le mystère de Greenvale et de ses habitants. Rapidement, vous aurez une grande liberté d’exploration de la ville et ses alentours pour interroger l’autochtone et récolter des indices qui seront fonction de l’endroit et du moment auxquels vous faites vos rencontres. Pour ajouter en authenticité, il vous faudra respecter la temporalité spécifique au jeu, les horaires des magasins par exemple ou l’emploi du temps de certains protagonistes. Vous devrez aussi pourvoir à certains besoins fondamentaux de l’agent spécial York, comme dormir, manger, s’habiller, se soigner (un peu comme un tamagochi en mieux) ou d’autres banalités de la vie quotidienne pour autant que vous ayez suffisamment d’argent en poche.

    Tiens ???!!! Une danseuse de limbo...

    On ne peut se satisfaire d'une pareille débâcle

    Survival-horror oblige, l’enquête vous conduira bien entendu à vivre des passages devant “théoriquement” susciter l’épouvante et l’angoisse. Vous affronterez des sortes de manifestions désincarnées (et désarticulées) de personnes dont l’animation et l’aspect renvoient là aussi à d’autres références telles que le jeu Silent Hill ou au cinéma asiatique avec Shutter et The Grudge. A coup de barre à mine ou au pétoire, vous en disposerez facilement bien que le système de visée soit catastrophique et ce malgré la présence d’un lock automatique. On pourra noter d’autres aberrations en la matière, comme la nécessité de viser pour recharger ou se retrouver totalement statique, une fois votre cible en joue, comme si vous aviez les deux pieds pris dans le béton.

    Mais les faiblesses ne s’arrêtent pas là (oui, c’est possible). La mise en scène annihile complètement un scénario qui reste la seule véritable force de Deadly Premonition. Proposant un univers déjà âpre à comprendre, l’accumulation de tares rend l’ensemble encore plus difficile à appréhender, voire même hermétique à toute compréhension. On peut par exemple ajouter les séquences de profilage inutiles, des QTE totalement hirsutes, mal fichus et n’apportant qu’une diversité d’action factice. On s’amusera (mais c’est nerveux) des phases de conduite au volant d’une brique dont la maniabilité égale celle d’un 38 tonnes pour simplement tourner. Enfin, ultimes coquetteries parmi tout ce chapelet d’incongruités : des bugs graphiques innommables, des bruitages dignes d’un Nokia 3210 et les fautes d’orthographes à foison dans les menus du jeu et les sous-titres, gâchant du coup une certaine qualité dans les dialogues.

    Le trailer de lancement...attention, vous êtes assis ?

     

    Note du test 3/10En conclusion :

    Il faut reconnaître au moins un mérite à Deadly Premonition : Director’s Cut : son originalité. Rarissimes sont les jeux qui proposent, sur le papier, une expérience de jeu mêlant le macabre, le spirituel, la psyché criminelle et sociétale, le tout mâtiné par un scénario et des dialogues s’écartant des standards habituels. Malheureusement, Deadly Premonition n’a pas les moyens de ses ambitions. Et manipuler de tels concepts peut tout aussi bien aboutir à un splendide résultat, quand on possède le stakhanovisme d’un David Lynch, ou plus brutalement conduire comme ici à un incommensurable gâchis. Pour un prix qui tutoie les 40€, mieux vaut pour la peine se rabattre sur l’intégrale de Twin Peaks en DVD.

    Les plus

    Un screenplay qui reste étrangement captivant
    Une liberté d’action appréciable
    Des dialogues décalés reflétant bien l’onirisme du jeu

    Les moins

    Technique antédiluvienne
    Graphismes réalisés à la truelle
    Gameplay affligeant de médiocrité
    Réalisation sabordée par ses propres incohérences
    Nombreuses baisses de framerate
    Une édition Director’s Cut qui n’en est pas une
    Des emprunts artistiques poussées à l’excès


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