Note du test 7.5/10En conclusion :

Malchance est dans la génétique d’Ivan, pour qui on ne peut ressentir que de l’empathie. C’est un peu le reflet du jeu qui a tout pour être adorable et adoré, mythique et mystique, culte et culturel. Dommage que certains moucherons se soient incrustés pour s’écraser sur le tableau: les essuyer laissera tout de même une trace qui ne se trouvait clairement pas sur la liste des invités. Rien de catastrophique, juste de quoi louper l’échappée qui redéfinit tout le tour, celle où il faut être et dont chaque baroud d’honneur peut laisser le regret d’avoir vécu une sale fringale au moment inopportun. Qu’importe cependant! Yaga sort de l’ordinaire, ne serait-ce que pour sa toile de fond couplée à sa mise en forme qui envoient tellement de productions dans les ronces de la banalité. Insuffisant pour mettre le monde à la mode au diapason: ce serait oublier les fondamentaux de l’indé. Rejouable, riche à foison et bien calibrée, l’oeuvre ne demande encore que quelques coups de polish pour stabiliser sa croisière, quitte à lâcher quelques concessions en route. Comme de coutume: de sa capacité d’adhésion dépend le suivi. Le tout sans financement participatif! Preneurs? Notre camp est ici choisi et rassurez-vous: nous avons encore de la place.

Les plus

L’OST
Les croyances slaves comme on ne les a jamais vues
Le chara-design
L’ambiance
Le doublage
La sympathie de l’exploration

Les moins

Combats répétitifs
Lenteur des déplacements de base
La forge sous-exploitée…
A l’image du concept de malédiction

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    rédacteur
    NoBloodyKnows


  • ps4

    Yaga
    Editeur : Versus Evil
    Genre : RPG
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 12 Novembre 2019
    Trophées : Oui
    Prix de lancement : 24,99 €
    Support


    version éditeur

    Test Yaga

    Publié le Jeudi 28 Novembre 2019 à 21:45 par NoBloodyKnows
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    Nous ne nous sommes jamais posés en petits poussins un peu dupes: être créatif ou plein d’imagination, ce n’est en rien synonyme d’aboutissement ou de chef-d’oeuvre hors pair. Faire devenir l’autre pantois est une question de fond, certes, mais aussi de forme habile et maîtrisée, antagoniste d’une redondance transformant le vif ennui en lente agonie. Aussi quand Yaga fut annoncé et surtout publié en plein déferlement d’un mois de novembre qui devrait rester gravé dans les mémoires des gamers miraculés, un mélange d’excitation et de retenue a parfumé nos sens, nous guidant vers un enthousiasme réel et paradoxalement modéré. Sans doute voudrions-nous éviter une trop grande exaltation qui rendrait la chute douloureuse et la séquelle incurable. Après plusieurs runs les choses se sont éclaircies, preuve de la bonne foi du studio Breadcrumbs, venu tout droit de Roumanie, qui nous livre un produit authentique sans dissimuler certaines filouteries sous une couche épaisse de chantilly indigeste. Et le soutien de Versus Evil (The Banner Saga pour vous démontrer le pedigree de l’éditeur) y est clairement pour quelque chose. Le triomphe reste toutefois noirci de quelques maladresses qui font de notre coeur un espace d’expérience, notre ascension de battements étant sujet à un yo-yo facétieux.

     

    Yaga la bru


    S’il fallait vous dévoiler la trame du jeu, sachez qu’elle doit autant à sa narration qu’à sa mise en scène. Une histoire “d’affrontement” entre la sorcière Baba Yaga et le Tsar avec au centre de ce boxon votre héros, Ivan, forgeron de son état et amputé d’un bras dès le début de l’aventure. Bon, nous les voyons venir aussi vivement qu’un abus de maracas: ceux qui nous dirons que le message est fort... le handicap est représenté, c’est super. Oui...et non! Dans Sekiro ou MGSV, la donne est identique...s’arrêter à ce simple constat serait donc juste un peu étroit tant le background regorge de plein de références subtiles.

    Le scénario n’est clairement pas transcendant sauf que le décor où se déroule les événements a un trésor prodigieux; celui de faire coexister mythologie et croyances slaves avec orthodoxie, 2 extrémités qui ne se rapprochent nullement et qui ne connaissent aucune parcimonie. Le tout est soutenu par une Direction Artistique qui côtoie les anges, avec une identité tout en dessin animé qui nous rappelle les frissons ressentis devant “Les Triplettes de Belleville” ou encore “L'Illusionniste” (de Sylvain Chomet). C’est original, avec un chara-design aux petits oignons, une animation singulière et un package de couleurs aux contrastes et dégradés cohérents.

    La narration, saugrenue, fait sienne la densité en se reposant sur les plans fixes qui s’animent d’un seul coup, les petites bulles de dialogues, les vers en alexandrin et les rimes ravageuses. Un doublage impeccable, un humour distillé avec intelligence sans gros doigts plein de mayonnaise et coup de chance les amis: en dépit de ce qui a pu être compris, les savoureuses lignes de texte sont munies de sous-titres français. Pratique lorsque l’une des 3 moires slaves nous transmet les péripéties de notre manchot au marteau car oui, nous sommes bien en face d’un conte.

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    Un design si surprenant et si bon!

    Baba au run


    Et ce ne sera certainement pas l’OST qui ternit le tableau! Oh que non! Perturbante de prime abord, très dynamique malgré la douceur de certaines séquences, elle est un diamant brut qui brillera dans nos tympans pendant encore longtemps. Chapeau bas aux compositeurs Subcarpati et Argetu’ qui mélangent folk et électro pour un résultat aussi détonant qu’étonnant où la mélodie surprendra autant qu’elle motivera à la baston. Cela rattrape le sound-design parfois un peu maigrelet où cris de malandrins et monstruosités ou encore impacts des coups ne se ressentent pas vraiment, perdus dans un gloubi-boulga assez approximatif.

    Et sinon, comment ça se passe? Ivan est malchanceux et cela le suivra tout au long de l’aventure. Enfin presque, puisque l’accent apposé sur cette caractéristique aura tendance à s’estomper pour se résumer à une mécanique qui se répétera inlassablement (comme d’habitude, nous y reviendrons!).

    Ici, vous vous retrouverez face à un melting-pot d’Action-RPG, de Roguelite, d’Aventure et de Hack’N’Slash. Notre avatar remplit des quêtes, principales ou secondaires, effectue des achats, discute avec des PNJ et surtout se bat lors des sessions d’exploration destinées à remplir des objectifs donnés en découvrant la carte. Premier reproche: si celle-ci a une représentation variable, vous n’aurez jamais une vue globale: ce qui engendre des “j’y vais, j’me plante et je change de chemin” un peu pénibles. Surtout qu’avant d’atteindre la seconde moitié du jeu, les environnements se ressemblent en dépit des efforts des créateurs pour modifier la structure des niveaux à chaque run.

    Ce n’est pas vraiment la folie, surtout que votre personnage se déplace lentement. Très lentement. Beaucoup trop lentement. On finit par choisir la roulade pour accélérer, nonobstant des équipements qui permettent de courir plus vite et visuellement, cela ronge l’immersion jusqu’à la moelle. Surtout lorsque vous essayez de tout découvrir car si vous voulez prolonger le plaisir, il faudra profiter de chaque moment. Car Yaga en 7h, c’est bouclé!

    Une replay-value? Assurément les lapichons.
     

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    Des saynètes mémorables.

    Yaga: six morts


    L’intérêt, c’est d’y retourner! Non cela ne constitue pas un slogan de sex-shop discount, mais bien le leitmotiv du jeu. En effet, vous aurez le choix lors des dialogues entre un comportement droit, égoïste, insensé ou agressif, ce qui vous donne accès à qua...non cinq fins car vous pouvez choisir aussi d’être neutre. Cela modifie quelque peu le déroulement, sans tout chambouler. Mais avoir le choix de négocier plutôt que de s’entretuer est appréciable même si quelques éclats de nervosité de notre part lors de notre 3ème épopée ne nous ont pas fait couper la tête.

    Cela incite à essayer plusieurs embranchements, en étant le bon samaritain ou le véritable salopard, sachant qu’un tableau très lisible recense vos points d’action dans chaque catégorie de caractère. De plus, point de traîtrise: lors de vos réponses, l’expression du sentiment est définie par un code couleur et un changement de l’expression du visage d’Ivan, hilarant parfois, pour qu’aucune confusion ne soit possible. Les dieux sont avec nous: tout est rationnel.

    Comme dit plus haut, vous dévalez les plaines en vous confrontant à des hordes d’ennemis assez variés. Néanmoins, ceux-ci brillent plus par leur nombre et résistance que par leur IA: une fois les patterns simples mémorisés, c’en est fini de ceux-ci. Quelques soucis de pathfinding sont aussi à signaler, certains mobs se retrouvant bloqués contre les murs, mais rien qui ne gâche les sensations de jeu au demeurant.

    Le système de combat est plutôt rudimentaire sans omettre une certaine efficacité. D’accord, on se retrouve à effectuer des roulades pour l’esquive tout en martelant une touche pour le càc et une autre pour balancer votre marteau tel un boomerang. Rien de bien nouveau sous le soleil: pas de jauge de fatigue et les frames d'invulnérabilité du dash sont larges. Cela ne vous sauvera pas cependant dans des arènes aux gabarits bien équilibrés et vous aurez vous aussi l’occasion d’utiliser des éléments de décor, qui n’ont pas besoin d’être des gros barils rouges laids destinés à écourter les débats.

    Sans oublier une certaine dimension stratégique pour éviter de se retrouver bloqué et tabassé comme un étudiant un peu saoul dans une ruelle un soir de réveillon. Pensez aussi à harceler ceux qui invoquent ou se régénèrent pour ne pas vous épuiser bêtement. Cela est une réussite.

    Vous serez en revanche parfois un peu en colère contre l’auto-lock qui automatise trop vos lancers de marteau mais cependant, celui-ci fait souvent l’affaire. D’autant plus qu’avant d’entamer une promenade, VOUS et vous seuls aurez fait le choix de partir à l’aventure selon un horaire précis, ce qui modifie sensiblement votre capacité à encaisser des baffes, frapper fort ou au contraire voir des belligérants moins assoiffés de votre sang.

    L’occasion de changer d’air à chaque tentative!

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    Quand vous verrez cela, vous savez que vous perdrez des bonus!

    Yaga y pensait


    Quelques rencontres de Boss seront disséminées çà et là et même si ce ne sont pas des affrontements absolument épiques, cela agit comme une douce brise étouffant la monotonie. Car les bagarres sont nombreuses et on pourrait vite en avoir marre tellement on les voit vite arriver. D’autant plus que même si certains items peuvent vous aider, à l’instar d’une arme secondaire, cela n’est rien en comparaison avec la puissance du marteau, bien plus prompt à tout péter que tout le reste.

    D’accord, vous aurez accès à des griffes, grappins ou pelles, toutes upgradables comme l’est le marteau. Soit dit en passant, l’utilisation de toutes les attaques ou consommables dispose d’un mapping de touches efficient et il est difficile d’accuser l’ergonomie pour expliquer les échecs, tout comme la navigation qui reste sobre et sans fioriture. Mais la puissance de votre masse, surtout quand elle est augmentée par la forge via un passage par l’enclume, est trop conséquente pour se pencher sur les autres (nombreuses) options. Surtout que certaines améliorations sont bien trop musclées, comme celle permettant au marteau de rebondir entre les adversaires pour leur mettre une tannée!

    Cependant, les différents essais vous permettront de créer plein d’armes aux bonus panachés, allant de l’électrocution à la possibilité de faire tomber des pièces en cognant. Car les kopecks ou les organes dûment gagnés seront essentiels pour acheter objets ou magies…

    Achtung en outre! (un titre de film formidable): abuser de la magie augmente votre jauge de malchance qui, une fois pleine, vous enverra cette sale bestiole qui brise votre beau marteau tout amélioré ou quelques items de grande valeur. Cela peut être rageant, surtout en raison de la rareté de certains butins, mais nous restons persuadés que cette mécanique constitue une bonne trouvaille, vous obligeant à improviser à chaque moment.

    D’autres facteurs augmentent votre malchance, comme ces personnages qui vous en veulent et qui en raison de leurs jurons vous font perdre de l’argent selon un algorithme précis (tout est récupérable, rassurez-vous!); toutefois l’idée est quelque peu sous exploitée car si peu punitive. Jamais nous n’avons réellement eu peur du Malin, tout juste exprimons nous un peu d’ire.

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    Un changement de décor salvateur!

     

    Yaga Yellow


    Que dire de plus? Que les talismans constituent votre équipement pour obtenir des capacités passives afin de vous faciliter la tâche? Parce que Yaga n’est pas spécialement difficile mais en gérant mal les espaces, vous risquez de mordre la poussière rapidement. D’accord il y a une seconde chance, ou une perte d’équipement par la suite, mais pas de souci tout se passe vite pour le mieux et aucun passage ne vous tiendra la dragée haute trop longtemps!

    A vous de surveiller votre barre de résistance physique, mix entre ce que vous pouvez encaisser et votre endurance puisée par les armes secondaires; puis celle de volonté, vos PV entamés si la première jauge atteint zéro. Cette dernière remontera lentement si vous avez une mobilité limitée, un élément à prendre en compte durant les combats, entre pause habile et assauts effrénés.

    Le jeu ne vous proposera pas non plus de grosses flèches disgracieuses pour vous indiquer le bon chemin et vous aurez l’opportunité de répondre aux requêtes des PNJ du village ou des zones pour empocher un peu plus de richesse. Ajoutons à cela des autels qui vous troquent des matériaux d’alchimie en échange de prières ou de matos et le tout semble bien complet.

    Et il vous faudra expérimenter tout au long des runs car peu d’explications vous sont données et le soft n’incite pas toujours à sortir de sa zone de confort. D’un côté, cela vous invite à aborder le challenge à votre manière ou au contraire réveiller l’instinct succinct de certains d’entre nous pour se contenter de se projeter du point A au point B sans détour ni allongement factice.

    Enfin, au rayon de la petite démangeaison dont le titre n’avait pas besoin: le script absent nous empêchant de terminer une mission secondaire malgré plusieurs tentatives et relances du jeu. Ce sera probablement patché, mais quel dommage de devoir s’incliner au non-vouloir de l’événement, passeur de la poursuite de la croisade.

    Un coup de gueule léger, tant l’aventure nous aura emmenés, mais diktat d’une note qui aurait pu être sublime. Ce sera juste bien bon.

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    Le village central, lieu de nombreuses quêtes.

     

     




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