Note du test 8.5/10En conclusion :

Une ampleur de telle envergure, voilà qui devrait faire pâlir ou saliver de nombreux acteurs du milieu. En même temps, nous faisons affaire avec une team qui a déjà tant prouvé et qui montre que le déclin, ce n’est pas pour tout de suite. Incroyablement long, rejouable, profond et bien écrit, Pillars of Eternity 2: Deadfire possède toutes les cartes pour vous happer durant un long moment. Les seuls freins pourraient être d’ordre technique, comme les temps de chargement ainsi que leur nombre, ou encore le rythme assez particulier pour un jeu qui se veut résolument à l’ancienne, quitte à perdre un peu de monde en route. Pour les autres, ou pour ceux qui voudraient juste découvrir, l’oeuvre est une encyclopédie de RPG tout en jouant sur les codes qui ont fait le succès du genre. Une véritable synthèse qui met en valeur la maîtrise de Obsidian en la matière, signant la une lettre d’amour absolument sublime. Reste que le titre est pensé à la base pour d’autres machines et cela se ressent à l’occasion. Mais en acceptant de peaufiner son bébé avec un système de combat plus convaincant qui remet la stratégie à l’honneur, nul doute que les développeurs n’ont pas opté pour la conversion rachitique. Alors acceptez votre destin, sombre dès l’introduction, mais fascinant. Comme une volonté d’explorer, découvrir et...se mettre en danger. Comme le bruit de la mer, maîtresse exigeante aux multiples facettes, toutes plus belles les unes que les autres. Aussi cruelle soit-elle.

Les plus

Richesse incroyable
L’écriture talentueuse
Des tas de choses à faire
La refonte du système de combat
La replay value de fou furieux

Les moins

Les chargements
Un temps pour se faire à l’ergonomie
Menus parfois peu accueillants

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    rédacteur
    NoBloodyKnows


  • ps4

    Pillars of Eternity II: Deadfire - Ultimate Edition
    Editeur : THQ Nordic
    Développeur : Obsidian
    Genre : Jeu de Rôle | Action
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 28 Janvier 2019
    Trophées : Oui
    Prix de lancement : 59,99 €
    Support


    version éditeur

    Test Pillars of Eternity II: Deadfire - Ultimate Edition

    Publié le Mardi 28 Janvier 2020 à 15:00 par NoBloodyKnows
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    C’est un running gag tellement utilisé sur les réseaux sociaux qu’on en viendrait presque à oublier le sens propre du message: oui Michel Drucker est un immortel placé au sein de la télévision française, c’est indéniable. Et factuel. Sauf qu’ici, chacun est venu chercher un test et non des âneries ou autres goguenardises! Pourtant en dépit d’une comparaison pas vraiment fameuse se cache une vérité sans contestation possible: dans le jeu vidéo, certains genres traversent les âges, choisissant une mue aussi discrète que leur aura est grande. Alors forcément lorsque les oreilles de gamers appartenant à un clan spécifique ont entendu parler de financement participatif, de RPG à l’ancienne et le nom d’Obsidian, l’effet sur les lèvres fut immédiat! Une suite d’un premier jet d’excellent acabit acclamé et une nouvelle fois, la promesse d’un portage sur nos consoles favorites avec quelques features alléchantes, histoire de poursuivre la migration d’oeuvres prévues pour les ordinateurs vers le public que nous constituons, vous et nous. Nous restons toujours prudents dans ces cas-là mais force est de reconnaître que les développeurs sont capables de coups de maître hors du commun, leur épopée au sein de la Force en lieu et place de BioWare étant une muse torride. Dubitatifs quant à la sempiternelle popularité de mécanismes qui pourraient sembler vieillottes pour les plus jeunes, il est l’heure pour nous de plonger dans une aventure ô combien chronophage, austère et novatrice à la fois, toujours complète. Il faudra vous accrocher, percuter au plus vite et expérimenter: on vous donne notre récit d’une invitation au voyage, bravant le déchaînement grâce à l’émergence de notre pied marin.

     

    Affrète moi si tu peux


    Il faut bien commencer par quelque part donc soyons clairs: en dépit de tous les efforts déployés par les créateurs, si tout ce qui s’apparente au Old-School vous rend bien pâlichons... alors les amis il est clair que le soft ne vous concerne pas. Mais quand on observe le succès de Divinity: Original Sin, nous nous disons qu’il y a des adeptes et que ceux-ci suivront leur dogme jusqu’au plus profond de l’enfer. Ainsi, Pillars 2 ne se targue pas de vous en mettre plein le groin avec des cinématiques à rallonge prêtes à vous inonder (z’avez vu le jeu de mots pas bien fin?!) d’effets spéciaux et de scènes épiques qui donnent le frisson. Non ici, place aux dialogues en grande quantité avec des portraits fixes, saynètes crayonnées ou encore textes à lire, laissant place à votre imagination pour visualiser l’action du moment. Oui, vous avez bien lu: il faudra aimer la lecture, celle-ci s’inscrivant même parfois comme une méthodologie de gameplay, ce dont nous discuterons plus tard.

    Et le premier bon point vient de la traduction fr qui, si elle connaît de temps à autre des petites coquilles, assure à tout bout de champ, ce qui ne manquera pas d’impressionner au regard du nombre de lignes présentes et du langage spécifique du jeu, familier pour tout fan d’heroic-fantasy qui se respecte. Les noms des peuples, lieux ou personnages sont atteints de ce symptôme et c’est un premier indice qui nous signale la richesse de ce monde imaginaire. Et sans une qualité d’écriture remarquable, il était convenu que Obsidian irait droit dans le mur! Il en fallait plus pour mettre en échec le studio qui signe là un modèle de cohérence et de talent dans la narration.

    Les quêtes secondaires n’ont pas cette étiquette “Fedex” qui fait tant de mal à beaucoup de productions à la replay value fallacieuse: non ici vous prendrez un réel plaisir à les effectuer car on ressent des enjeux et “l’effet satellite” appartenant à l’attraction d’un tout. C’est d’ailleurs en cela que nous trouvons qu’elles surpassent parfois la trame principale qui, bien que très honorable, semble moins puissante que certaines histoires annexes. Pourtant celle-ci se distingue par le nombre de thèmes qu’elle rassemble entre colonisation, population locale à qui on prend la terre, politique, guerre de compagnies et mysticisme. Tout ceci pour finalement un dénouement un peu simple; néanmoins nous pinaillons.

    D’autant plus que si vous ne connaissez pas le premier épisode, la suite fait tout pour “recréer le passé” de votre avatar en prenant le temps d’installer les choses tout en vous faisant faire des premiers choix pour définir quel type de héros vous êtes. Et cela est pertinent d’autant plus que des décisions, vous allez devoir en prendre. Souvent même!

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    Un terrain bien connu pour les aficionados!

    Cela reste ancre nous


    Des dilemmes, il y en a une palanquée et il faudra y faire face, cela constituant l’essence du monde dans lequel vous évoluez. Toute sélection a une conséquence qui peut paraître mineure au premier abord tout en se révélant bien plus drastique par la suite. Cela donne l’impression d’être un vrai acteur ayant une certaine influence sur le déroulement des événements, sans se poser en simple spectateur un peu benêt. Et rien que pour cela, vous pouvez imaginer le nombre de runs possibles en prenant en compte les possibilités à votre disposition!

    Surtout que cela constitue un pan entier du gameplay où en plus des diverses réponses proposées, vous pouvez user d’une capacité, si bien évidemment vous avez pris le parti de la monter (comme l’intimidation ou la diplomatie) qui vous offre une option supplémentaire, voire carrément une porte de sortie salvatrice! Classique oui mais cela rajoute la notion de job, indépendant de votre classe. Ainsi, l’un d’entre nous privilégie la fourberie tout en étant expert en explosifs, malgré le fait d’être un bon gros Bill tandis que l’autre sera le furtif à la carapace épaisse. Tout est envisageable!

    A tel point que le mapping des touches est disposé comme les développeurs le peuvent: il y a tant de choses que tout ne peut être remis sur un raccourci. Une manette n’est pas un clavier et cela est d’autant plus vrai que l’ergonomie au pad nécessite un temps d’adaptation au sens où rien n’est inné. Pas forcément une tare au sens strict, le deal étant largement explicable. Cela ne saurait donner une justification aux menus pas vraiment aimables ou rebutants parfois. Sachant qu’il y a un nombre incalculable d’items à récupérer, cela peut être pénible et constitue assurément un point noir.

    On ne va cependant pas crier au loup mais celui (ou celle) qui n’a pas le sens de l’organisation se trouvera rapidement débordé(e) jusqu’à lâcher prise. En revanche, dès que tout sera bien digéré, vous ferez les choses de manière naturelle. Tout juste faut-il accepter que quelques heures sont nécessaires afin que tout s’éclaire dans vos esprits. On vous rassure: cela a pris du temps pour nous!

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    Le genre d'activité que vous ferez souvent. Très souvent.

    Affaler y penser!


    Bien évidemment, les interactions ne seront pas les uniques rejetons du gameplay. Si nous vous parlions du choix de ce que vous auriez pu être dans le premier opus, vous devrez aussi, comme dans tout RPG qui se respecte, définir (en plus de l’apparence) la classe de votre avatar afin de personnaliser votre manière de jouer. Pas de vraie surprise puisque nous naviguons dans des eaux connues avec les habituels magiciens, barbares, rôdeurs et nous en passons. Cela spécifie votre arbre de compétences, prévu pour upgrader les bonus de classe ou autre attaques liées à ces dernières.

    De fait, cela modifie votre appétence pour les armes entre les bâtons, haches, rapières ou encore nos favorites: les bonnes pétoires des familles qui nous donnent l’impression d’appartenir à la piraterie! De nombreuses statistiques seront à prendre en compte, comme les dégâts mini et maxi, une variation à ne pas négliger pour les coups critiques. Cela fait le café sans trop perturber ceux qui découvrent le genre, alors que les coutumiers seront comme à la maison.

    Là où l’apport est le bienvenu consiste dans la multi-classe permettant de créer des personnages hybrides qui ne seront jamais des spécialistes dans un domaine particulier mais dont le côté “touche-à-tout” laisse une agréable sensation. Enfin, et comme le jeu vous le précise, cela est déconseillé en début de partie, histoire d’assembler toutes les pièces du puzzle des combats pour s’en sortir. Sachez que plusieurs niveaux de difficulté sont disponibles, dont les premiers prévus pour ne pas se prendre la tête; et si vous aimez les défis de l’espace, vous pouvez opter pour la sauvegarde unique qui s’efface dès le premier game over ou encore pour une session où aucune aide n’est disponible.

    Et les joutes, parlons-en! C’est LA bonne idée de cette édition qui nous propose 2 modes et clairement...il n’y a pas photo! Pour faire simple, le jeu se présente en vue isométrique et vous laisse à la tête d’une équipe limitée à 5 compagnons sur le terrain pour s’envoyer des pralines. Si vous connaissez un peu la série, alors vous savez que la première option permet d’assurer les rixes en temps réel avec la possibilité de mettre en pause et de configurer l’IA, que ce soit pour le buff, le soin, l’attaque (entre autres)...et sur le papier, ça claque! Sauf que cela ressemble plus à un sacré foutoir malgré le dynamisme apporté. La lisibilité globale en prend un coup et si le fait de devoir gérer en urgence donne une dose d’adrénaline, la tactique paraît secondaire. D’autant plus que tous les soucis inhérents à cette typologie ressortent occasionnellement.

    Or, vous aurez le choix avec un mode au tour par tour qui semble bien plus efficient. D’accord, ce sera bien moins speed mais bon sang! Que les pouvoirs et anticipations des frappes ennemies sont mieux rendus! On utilise alors les sorts à bon escient tout en essayant de maintenir une forme d’équilibre dans l’équipe, histoire de ne pas se retrouver avec seulement des spécialistes du càc prêts à se faire dessouder avant d’atteindre la ligne adverse ou au contraire avec des faiblards non préparés à survivre dans une mêlée. Tout est complémentaire, comme certaines magies qui se révèlent très puissantes une fois l’ennemi entamé! A vous d’observer, tester et surtout gérer la complémentarité entre vos membres.

    Une chouette refonte essentielle!
     

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    De l'art de se foutre sur la gamelle!

    Acculer le système


    Il faudra donc veiller à bien s’équiper et bien penser le level-up, pas trop pénible en raison d’une difficulté qui ne se permet jamais de sauts gigantesques. Et s’il est possible d’éviter au maximum de faire couler le sang, il est plutôt agréable de constater qu’une des angoisses décriée du jeu d’origine a été retravaillée, ce qui montre que Obsidian ne s’est pas contenté d’un simple portage à la va-vite pour s’attirer un public en supplément.

    Et pourtant tout n’est pas parfait quand on prend le jeu pour la première fois: si celui-ci est joli et que les couleurs sont bien choisies, la technique se révèle catastrophique lorsque nous subissons les temps de chargement. Oui, subir est bien le mot car même si certaines zones sont petites, comme les habitations, se taper un loading pour entrer et ressortir décourage à faire demi-tour quand on pense avoir oublié quelque chose. Et nous n’exagérons pas dans nos propos: même sur PS4 Pro, nous avons appris la patience parfois frustrante.

    C’est d’autant plus vrai lorsque vous êtes sur la terre ferme où les déplacements des personnages sont assez lents alors qu’il y a énormément de merveilles et de choses à découvrir. Cela accentue la sensation de faux-rythme qui peut se dégager en ce sens. Ce sera un défaut à vraiment évaluer lors de votre achat même si cela ne doit pas vous priver de la grandeur de l’aventure! D’autant plus que le tearing s’invite parfois, ce qui pourrait en faire enrager plus d’un.

    Question fluidité, cela tourne correctement et de toute façon, toute chute de framerate n’est aucunement rédhibitoire dans ce type de jeu. Surtout que l’OST est foutrement bien intégrée amenant à chaque fois l’ambiance qui sied à ce que nous voyons, tout comme les doublages parfois volontairement exagérés qui dépeignent une multitude de peuples différents qui, à l’instar de vos compagnons, auront une jauge relationnelle à surveiller. Quand nous vous parlions de conséquences, il faut savoir que c’est à l’occasion irréversible!

    Cela donne une épaisseur sur ce que vous accomplissez d’autant plus que la création ne se divise pas en chapitres: vous êtes tous libres d’explorer comme bon vous semble et vous livrer aux activités selon votre envie. Besoin d’argent pour du matos? Choisissez une des nombreuses quêtes ou partez piller un bateau de marchands pour revendre le butin obtenu.

    Oui car point de citadelle en QG: exit la forteresse de Caed Nua. Place au Défi, idéal pour se déplacer en mer!

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    Une fière allure!

     

    On va aconier!


    Votre hub au bout d’un certain temps, ce sera donc le bateau. Mais dès que l’air marin fouette nos visages, nous avons toutes les peurs du monde. Traumatisés nous sommes par la gestion de Suikoden 4, largement rattrapée dans le V: les passages sur la flotte peuvent être des vecteurs de mauvaises idées! Heureusement ici, tout est bien pensé. Votre simple rafiot de début est améliorable et c’est en ce lieu que vous ferez le stockage de vos objets en trop. Il faudra aussi prendre soin de votre équipage, qu’il faudra déployer, en gérant leurs besoins alimentaires et leur moral. Rien de pénible, au contraire, et voir sa pauvre bicoque des océans se transformer en fier navire bien équipé avec sa belle coque toute neuve ou ses canons a quelque chose de grisant.

    Oui vous aurez besoin d’une puissance de feu pour vous confronter à des constructions flottantes hostiles! En cas d’interaction, plusieurs choix s’offriront à vous comme fuir ou engager le combat par exemple. Et si vous devez le faire, il faudra barrer, comprendre les mouvements des adversaires et faire tonner les canons quand ce sera le bon moment. Et comment on s’y prend? Par le biais...du texte. Dans une espèce de logique de “livre dont vous êtes le héros”, tout passera par une aventure textuelle où chaque choix sera expliqué tout comme les conséquences.

    Nous vous le disons de suite: ce n’est pas le grand soir. Pas une purge non plus mais ce n’est pas mémorable. Surtout que l’abordage, qui amènera à un combat classique où le décor sera constitué des 2 bateaux et où vous bénéficiez de plus d’alliés avec votre team, est souvent la solution la plus radicale et...la meilleure! On apprécie toutefois que la caravelle ne soit pas juste un moyen de voyager entre les différentes îles du “Feu éteint”, dont le nombre est d’ailleurs exponentiel sans qu’elles ne soient similaires. Aucune impression pour chacun d’être tenu par la main et c’est tant mieux car il aurait été dommage de baliser le terrain.

    Nous terminons ce test en vous évoquant également la durée de vie colossale du titre, qui débarque avec ses extensions qui sont de bonnes grosses quêtes déblocables au bout d’un moment, avec le petit lot de donjons high-level et c’est très appréciable de pouvoir faire perdurer le plaisir. Ajoutons à cela les nombreuses autres possibilités évoquées et vous serez face à une production qui pourrait largement vous occuper durant des mois entiers pour peu que le trip vous embrasse.

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    Pas sexy. Mais efficace.

     

     




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