Note du test 5.5/10En conclusion :

Vous le savez : nous sommes capables d’être des grincheux de premier ordre quand cela est mérité ! Mais nous savons aussi faire preuve d’empathie voire de mélancolie lorsqu’une douce musique s’achève sur de poisseuses fausses notes. Ce sera ce second cas de figure pour 9 Monkeys of Shaolin, ce si beau gamin hyper doué qui souffre à l’adolescence d’une acné couplée à un choix hasardeux concernant ses fréquentations. Rien d’irréparable si un patch vient corriger tout cela. Cependant, en l’état, le jeu dispose d’un équilibrage douteux, dont ce cheat de certains pouvoirs qui nous pousse à penser qu’il aurait peut-être été nécessaire de réduire la voilure, tant la richesse ne se marie pas à une égalité parfaite. De quoi laisser le joueur amer, tenté de se résigner. Toutefois, impossible de croire en une fatalité désuète depuis l’avènement des possibilités d’internet ! Le capital sympathie, tout comme les capacités sont bien présents. Il faut juste accepter le fait que 9 Monkeys est ce jeune boxeur un peu fou qui s’épuise sur les premiers rounds au lieu d’opter pour la constance. S’il est regrettable que la profondeur soit sacrifiée sur l’autel du mauvais réglage, nous pourrions envisager une réversibilité du processus qui laisserait la production s’épanouir comme il se doit. En effet, un BTU sans replay value loupe le coche. Ce n’est pas l’envie qui manque, encore faut-il l’assurance d’une exploitation totale de son savoir-faire. Sujet épineux semble-t-il. Mais pas insurmontable.

Les plus

La variété proposée
Une profondeur non négligeable
Une ambiance sympathique
Un arbre de talents impressionnant
La richesse du gameplay…

Les moins

...plombée par un équilibrage sur le trottoir
Très court
Replay value en slip
Quelques tares techniques

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    rédacteur
    NoBloodyKnows


  • ps4

    9 Monkeys of Shaolin
    Editeur : Ravenscourt
    Développeur : Buka Entertainement
    Genre : Beat'em all
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 16 Octobre 2020
    Trophées : Oui
    Support


    Test 9 Monkeys of Shaolin

    Publié le Dimanche 01 Novembre 2020 à 11:42 par NoBloodyKnows
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    Le Beat Them Up est une catégorie si riche les amis ! Une grande famille qui accueille désormais 9 Monkeys of Shaolin, chargé de représenter fièrement l’étendard. Point de doute : les codes sont désormais bien loin d’être un quelconque apanage. Au contraire, le genre est devenu une composante de bien d’autres productions ! Alors quand l’essence même est retrouvée, nous ne demandons qu’à nous incliner. Or, le jeu en a-t-il les moyens ? Une sortie en fin de gen après les tornades Streets of Rage 4 ou encore Fight’N’Rage est un risque à prendre. Toujours est-il qu’en cas de victoire, le trophée n’en est que plus magnifique. La feuille de route est aguichante en espérant qu’elle ne soit pas juste aguicheuse. De la tartasse au bâton, un univers prompt à batifoler avec la bagarre, que peut-il manquer pour rayonner ? Si l’art de l’équilibriste est à maîtriser, nul doute que l’empirisme des ancêtres fournit un appareillage solide auquel accrocher des nouveautés permises par la puissance et le savoir-faire actuels. Un pas que la création franchit allègrement durant une partie de l’épopée, avant de se retrouver face contre terre. Et commettre une erreur qui ternit l’ensemble de la luminosité a ce côté rageant. Si une oeuvre est daubée, les regrets ne sont pas légions tant le désordre est installé. Mais quand le potentiel est là et qu’il commence à s’exprimer, voir le bâtiment s’écrouler laisse pantois. Irrévocable ? L’avenir nous le dira !

     

    Daïmos Roussos


    Autant évacuer tout de suite le point le moins essentiel du genre : non, le scénario n’est pas forcément fou. Cependant, il se laisse suivre, sans que nous éprouvions de réelles compassions pour les personnages face aux divers massacres. L’univers est bien retranscrit et le mélange Shaolin, Samouraï ou Wakō fait son office ! La narration se veut simple, avec des images fixes crayonnées qui nous expliquent les pérégrinations et cela reste efficace. Bien plus que les discussions dans le hub entre les protagonistes dont il est difficile de s’amouracher, en dépit d’une évolution de plusieurs d’entre eux.
    Il serait en revanche odieux de critiquer la traduction des sous-titres français, soignés. Et s’il est compliqué de s'accommoder du doublage anglais ou russe (notre favori), ce n’est pas en raison de la qualité mais bien plus parce qu’ils ne sont pas forcément adaptés au conflit décrit.

    La grande force réside également dans la multitude de paysages à traverser, variés et disposant d’un certain charme, notamment pour l’arrière-plan. Impossible d’en dire autant malheureusement en ce qui concerne les textures, parfois bien fades, ou le rendu de certains effets, notamment pour le feu ou cette herbe en mouvement qui ne flattent absolument pas la rétine. Si le design des personnages est correct dans l’ensemble lorsque chacun d’entre eux est représenté via un portrait dans les scènes de dialogue, le rendu in-game est loin du compte. A l’instar de nombreux ennemis serions-nous tentés de vous dire, à l’exception des combattants arborant de belles armures ou encore certains boss. Pour le reste, les couleurs sont globalement bien choisies et le jeu de lumière est convaincant. Seul bémol : quelques éléments du premier plan qui gâchent, de manière plutôt épisodique heureusement, la visibilité.

    Au niveau du sound-design, les bruits ambiants sont suffisants sans non plus provoquer la transe, et les musiques sont du même acabit. Rien qui ne restera forcément en tête mais l’ambiance est soutenue et en adéquation avec les thèmes abordés. Un ensemble qui n’est certes pas prévu pour que les mirettes soient éblouies ; toujours est-il que rien n’entrave le plaisir du jeu en raison d’un cadencement d’images qui tient la route.

    Et pour un beat, c’est le principal !

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    Un plan plein de style ...

    Le dimanche on bat l’Wako


    Bien sûr, le plus important est la qualité de la confrontation : 9 Monkeys of Shaolin monte clairement en puissance après des débuts assez timides. Le menu fretin est là pour vous donner les bases et les associations se complexifient au fur et à mesure de votre avancée, faisant la distinction entre distance, armures ou patterns à assimiler. D’ailleurs, nous sommes dans une représentation en 2D… sur plusieurs plans et avouons que cela fonctionne plutôt bien, les seules erreurs de jugement étant l’adage des rares phases de plateforme ou dans l’esquive de certains pièges, qui se retournent également contre les vilains.

    4 niveaux de difficulté sont prévus, dont les 2 derniers (enfin… surtout le dernier) peuvent donner du fil à retordre car la save n’est pas disponible durant le niveau, dont l’association constitue un chapitre (et il y en a 5 en tout). Si vous optez pour l’expérience normale (le facile étant vivement déconseillé), vous connaîtrez un peu d'opposition sans que cela ne soit insurmontable. D’autant plus que la mort est peu punitive et que l’esquive tout comme la parade disposent d’une fenêtre assez large.

    Il faudra juste prendre le temps de comprendre les rouages et s’accoutumer d’une inertie assez particulière au début, impliquant une apesanteur assez planante (“à la Tidus en 50 hz” dirons certains !). Une fois la “lourdeur”, à ne pas assimiler à de la rigidité, domptée, vous prendrez de plus en plus d’aise faisant suite à une certaine affliction éprouvée lors des pas initiaux. Les espaces sont également gérés intelligemment, permettant plusieurs approches de combat, nécessaires pour mieux maquiller la répétitivité.
    Bien sûr, ce constat est lié au BTU en général. Toutefois, il serait fort niais de penser que la règle ne peux pas être contournée, ne serait-ce que partiellement. Ici, la lassitude ne devrait pas être de mise (avant ce fameux défaut que nous vous expliquons plus bas !) tant les développeurs ont pensé à faire les choses de manière hétérogène pour briser quelques morceaux de la monotonie inhérente à la routine “j’avance et je baffe”.

    Une intention appréciable !

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    ...et un autre beaucoup moins.

    Shaolin clusive


    Les raisons de la rage ? C’est ce système profond qui se déboîte tout seul en raison d’un équilibrage effectué à la truelle. Une manière de poignarder à la cheville ce valeureux grand gaillard ! 9 Monkeys dispose pourtant de fondations si impressionnantes.
    En effet, l’ergonomie est appréciable et le jeu n’est pas bien dur à saisir. Les indices visuels sont présents pour vous indiquer qu’il va être temps de parer ou esquiver et l’observation reste le maître-mot du jeu. Les objets sont placés sur la croix directionnelle sans compliquer la recette : vous trouverez plusieurs types de thé avec des effets différents, comme le soin ou l’affaiblissement de la partie adverse. Tout est bien distinct, bien rangé, bien pensé.

    Mieux : les possibilités sont multiples et assurent une richesse au gameplay qui impressionne ! 3 frappes “de base” sont présentes, et chacune d’elle présente ses avantages d’allonge, de dégâts et de vitesse. A cela s’ajoute la possibilité par la suite de les charger ou d’effectuer une variante via la touche R2. Ces 2 dernières options, à savoir “les élements du Sud” et “les 3 sceaux terrestres” offrent des facultés d’écrasement, d’envoi dans les airs ou de dégagement d’un groupe trop taquin. Bien sûr, tout cela n’est pas gratuit ! Cela consomme du “Qi”, réparti en barres, et la technique pour le faire remonter est simple : enchaîner les combos et/ou utiliser un équipement qui aide en ce sens.

    Ainsi, la stratégie est de sortie lorsqu’il s’agit d’affronter un groupe, où vous dégommerez les faibles péons pour envoyer de puissantes tartasses aux plus solides ! Une logique se met en place et la vraie raison d’être du jeu également. Les affrontements deviennent de plus en plus jouissifs et vous apprenez à comprendre comment interrompre un ennemi, ce qui se fait sous certaines conditions. De plus, vous aurez un arbre de talents juste immense, et il faudra un sacré bout de temps avant de le compléter à 100%. Cela permet d’obtenir des bonus, comme les chances de coup critique ou une augmentation de la douleur ressentie par le belligérant qui aura eu l'inconscience de croiser votre chemin.

    Une valeur sûre pour ce côté RPG !

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    Simple et efficace !

    Bio Moines


    Diverses armes seront aussi à votre disposition. Si aucune révolution n’est à prévoir dans le moveset, les effets sont aussi nombreux. De l’empoisonnement au saignement en passant par le soin, vous y trouverez forcément votre compte. Il faudra aussi veiller à votre équipement : si celui-ci est moins pléthorique, l’office est rempli sans chercher la complexité qui, de toute façon, n’aurait pas sa place. De quoi donner l’envie de se lancer dans toutes les missions, histoire de ne pas se contenter du “tout droit”. Autrement dit, vous aurez bien l’occasion de revenir (habilement) sur vos pas. Heureusement car les stages sont courts et la durée de vie chiche (on ne dépasse pas 3H) si vous foncez tête baissée !

    D’ailleurs, si comme nous vous considérez que le Beat est un genre multi, vous serez satisfait d’apprendre que le mode 2 joueurs est accessible, aussi bien en local qu'en ligne. Pour ce dernier, il reste cependant assez compliqué de trouver du monde mais ne gâchons pas cet instant de satisfaction : sur le même écran dans la même pièce, telle est la voie. Par contre, souvenez vous que le second protagoniste en est vraiment un : c’est le joueur 1 qui mène la danse et le deuxième devra suivre le rythme, sous peine de subir une réapparition un peu brutale. Rien de bien méchant néanmoins.

    “Bon alors, ça vient ? Il arrive ce 8 ou 8,5 ?”. Malheureusement… non. 9 Monkeys commet l’irréparable : un équilibrage totalement défaillant voire à la ramasse dans l’usage de ses compétences. Tout est simple : l’apparition du pouvoir “attraction “scie la branche sur laquelle est perchée la création,et pas qu’un peu !
    De fait, excepté pour le dernier mode, en abuser tout en ayant le bon équipement fout en l’air tous les principes.

    Absolument tous.

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    Ces pouvoirs qui cassent la dynamique !

     

    Xiedou compris !


    Non mais c’est quoi cette histoire ?! Dès lors que vous utiliserez l’attraction, qui comme son nom l’indique approche les ennemis de vous, ce sera la foire d’empoigne sans opposition. La courbe inversée. Plus besoin de varier son jeu et tout est de plus en plus facile, boss compris. Peur de vider son Qi ? Vous aurez largement de quoi vous refaire et si vous optez pour un bâton qui vous soigne en cas d’attaque spéciale, c’est banco ! Vos jauges seront toujours pleines et les divers objets ne serviront plus à rien. Ainsi, le combo d’équipement “Fureur de la Forêt” comme attirail et “108 Passions” comme pendentif brise tout ce qui était entrepris. L’un pour panser vos plaies, l’autre pour faire remonter sa jauge et le tour est joué.
    La volonté de création et de variation de son style passe aux oubliettes, et vous vous contenterez d'attirer les ennemis vers vous, leur balancer quelques mandales, et vous serez serein ! Bien sûr, cela flatte l’ego lorsque le tableau de fin de mission montre à quel point vous êtes un combattant hors pair mais pour nous, ce n’est même plus un bémol. C’est toute la partition qui crame. Une possibilité mal ajustée qui se transforme en parasite de l’oeuvre qui voit toute sa complexité piétinée.

    Le pire ? C’est que rien n’y résiste, ni fantômes aux conditions précises pour les endommager, ni les boss dont les affrontements perdent leur saveur, et ce après une première rencontre si prometteuse ! Bien sûr, il est toujours envisageable de ne pas utiliser cette “astuce”. En outre, ce n’est pas à notre sens au joueur d’ajuster la balance. Au contraire, c’est à lui de choisir son expérience selon des rouages bien huilés. Tout devenait si bon au fil des heures (heurts ?) passées ! Et patatra, il a fallu que cela arrive. Sans parler de la replay value qui prend un coup de godasse en pleine mâchoire ! Les notions de distance, gestion des espaces, timing et priorisation de l’élimination blêmissent.

    A l’instar de votre duo de testeurs, effarés de devoir sanctionner ce qui se présentait comme “une bonne surprise”.

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    Pourtant, ce boss est prometteur !




    Test 9 Monkeys of Shaolin - 8 minutes de lecture