Des Remasters propres et efficaces pour des jeux qui n'ont pas nécessairement bien vieilli ou qui ont inspiré bien mieux par la suite. Le vétéran retrouvera la licence avec plaisir, alors que le néophyte se dira sans doute qu'il devrait passer à autre chose, plus maîtrisé. Il n'empêche que l'expérience, malgré la lourdeur du personnage, reste assez agréable 10 ans après, et l'ambiance entre Lovecraft et Predator fonctionne toujours assez bien. Un bel investissement pour les amateurs de FPS.
Les plus
Les moins
8 ans après Crysis 3, la licence fait un retour surprenant avec un Remaster du premier épisode, vite suivi de ceux des 2 et 3 et d'un pack Trilogie. Reste à savoir si la patte CryTek fonctionne toujours.
Quand Lovecraft rencontre Predator...
Vous vous êtes déjà demandé ce que donnerait un mélange entre l'univers de Lovecraft et Predator ? Crytek l'a fait, ça a donné Crysis. Pour résumer en très gros, vous êtes un Marine en nanocombinaison qui permet des super sauts, un camouflage, et un bouclier, et vous allez devoir libérer une île des vilains Nord Coréens (ouais, c'est les nouveaux Russes, maintenant que les années 80 et la Guerre Froide sont terminées). Sauf qu'en plus des Nord Coréens, il y a aussi au moins une bestiole bizarre et bien hostile, issue d'une civilisation ancienne qui a laissé ses artefacts sur place.
Ceci est donc le début de Crysis 1, et on a déjà vu ce script 10 000 fois au moins. La bonne nouvelle, c'est qu'on est au moins en terrain connu. La mauvaise, c'est que ça ne tente rien de bien original, à part que les vilaines bestioles vont ramener leurs potes et envahir la Terre pour lancer les épisodes 2 et 3, où on doit les affronter en ville et ailleurs. Bref, Predator 1 et 2 revus à la sauce Lovecraft (et on ne parlera pas trop de Predators, rassurez-vous, et encore moins des Alien Vs Predator, évitons les sujets qui fâchent !).
Bref, sur cet embryon de scénario qui ne sera guère plus développé, on se retrouve dans un monde semi-ouvert (oui, c'est quand même très dirigiste) où on va faire la misère aux Nord Coréens puis aux extraterrestres vilains pas beaux.
Et c'est là que les ennuis commencent, au moins en partie.
Vont pas comprendre ce qui leur arrive...
Il fait lourd, par ici...
Le premier point qui va vous frapper est assez simple : le personnage est lourd et lent. Se déplacer hors sprint (qui consomme évidemment l'énergie de la combinaison) est presque une gageure et relève déjà d'un certain défi. Alors, quand il suffit de 2 rafales pour vous mettre au sol, les affrontements ouverts deviennent vite une épreuve permanente, qui nécessite de passer en facile et d'user et abuser du camouflage optique.
Et même comme ça, rien ne garantit que ça sera vraiment simple, tant que vous êtes dans la partie plus ou moins infiltration du début.
Quand ça vire au conflit ouvert avec l'armée à côté, ça va déjà beaucoup mieux.
Si le déplacement est une épreuve, la modification des armes est un petit plaisir : tout passe par une simple touche et vous propose de visualiser directement les changements effectués, pas de menu complexe, pas d'options par dizaines, une simplicité bienvenue, qui aurait mérité de perdurer.
Autre idée très sympathique et qui immerge bien dans le côté FPS SF et sa nanocombinaison : la carte et les objectifs qu'on peut afficher à l'écran sans que le jeu se coupe, comme une info apparaissant directement dans l'interface de votre casque. Un excellent moyen de se repérer sans avoir à mettre sur Pause en permanence.
Le menu d'arme, en revanche, est un peu lourd : plutôt qu'une roue, on propose d'assigner une direction à un type d'arme. Comme vous pouvez avoir 2 armes de chaque type, ça suppose d'appuyer 2 fois sur la direction concernée pour aller chercher la 2e. Pas aussi pratique qu'une roue, à éviter dans le feu de l'action.
Voilà qui annonce le meilleur...
De l'open world pas au top
D'un point de vue strictement technique, on sent que les jeux ont vieilli, et le portage HD n'y peut pas grand chose. Si l'environnement reste crédible et offre des changements bienvenus régulièrement, le visuel est bien daté malgré le travail effectué.
Le fait que les environnements soient totalement vides, à l'exception des ennemis, n'aide pas : même côté sons, on a juste les dialogues et les effets sonores des tires, pas un animal, pas un bruit de vent, le vide le plus absolu. Alors, certes, vu l'ambiance, ça renforce sans doute un peu le côté mystérieux du tout, mais ça nuit quand même à l'immersion.
Côté fun, notons les dialogues des Nord Coréens du 1er Crysis en VF (dans les niveaux de difficulté les plus bas, c'est ainsi réglé par défaut) : un festival d'accents asiatiques racistes comme on en a rarement entendu aussi massivement depuis les heures sombres de Michel Leeb au faîte de sa gloire.
Sans le côté caricature raciste, les doublages des personnages en général sont souvent assez drôles, notamment celui de Psycho.
Je suis un grand défenseur de la VF mais il faut bien avouer que, parfois, on se demande ce qui passe par la tête des doubleurs (encore que le niveau Jaguar Force n'est pas atteint, on se rassure).
Manquait plus qu'un Metal Gear dans l'histoire. Ah non, erreur de licence.
3 jeux pour pas cher
Au bout du compte, Crysis Remastered Trilogy offre une sympathique revisite d'une trilogie classique, voire culte. D'autres ont fait mieux depuis dans la même veine (coucou Dishonored), d'autres ont mieux vieilli de par leur ambiance ou scénario (le bonjour à Bioshock), mais Crysis reste une référence chez Crytek, qui affinait sa formule quelques années après le premier Far Cry (et on attend encore que Ubi arrête de faire limite un copier/coller depuis le 2, sur cette licence, mais c'est une autre histoire).
Pour 50€, la trilogie est quasiment donnée, les vétérans apprécieront de se relancer dans la chasse aux Cephs, et les néophytes découvriront des jeux qui ont posé des bases et restent appréciables, malgré le fait que ça ait moins bien vieilli que d'autres.