Si Skull & Bones sauve un peu les meubles avec ses combats navals, le reste est tellement vide, peu poussé et répétitif que le titre fait juste pâle figure en 2024. Un jeu de pirates où on ne sort pas du bateau, où aucun combat hors naval n'est possible, et où ça résume à une boucle mission/loot/amélioration/mission/etc ne peut pas prétendre être le jeu AAAA annoncé par Yves Guillemot ! Reste une direction artistique assez bonne et des combats navals rythmés, mais c'est peu, à moins que ce soit vraiment l'élément important pour certaines personnes, qui devraient alors apprécier l'expérience.
Les plus
Les moins
Après des années d'attente et de développement, Skull & Bones débarque enfin sur nos consoles. Après tout ce temps et 10 ans après Assassin's Creed IV Black Flag, UbiSoft peut-il nous ramener avec succès dans l'ère des pirates ? Voyons ça...
Un projet voué à l'échec ?
N'y allons pas par quatre chemins pour les plus pressés : Skull & Bones est un accident industriel comme on en voit rarement dans le jeu vidéo à cette échelle ! S'il n'avait pas les circonstances de son développement, ça serait même juste honteux de sortir ceci en 2024 ! Si vous voulez un jeu de pirates, ressortez Black Flag ou même LEGO Pirates des Caraïbes, voire Risen 2 (oui, je remonte carrément à la PS3, là), votre investissement sera sans doute bien meilleur.
Voilà, ça, c'était la version courte et rapide pour les plus pressés.
Maintenant, pour ceux qui aiment regarder un accident au ralenti pour voir comment ça se termine, entrons dans les détails.
Pour comprendre le plantage de Skull & Bones, il faut d'abord remonter à ses origines, comme souvent. Souvenez-vous : nous sommes en 2013 et UbiSoft sort Assassin's Creed IV : Black Flag, un épisode d'Assassin's Creed se déroulant durant l'âge d'or de la piraterie en pleine mer des Caraïbes. Si le jeu est encore reconnu aujourd'hui comme l'un des meilleurs épisodes classiques de la saga, sa composante navale (pirates oblige) marque les esprits.
Combat naval, destruction des navires ennemis, abordage et capture du vaisseau et de l'équipage, tout y est. Chez Ubi, on se dit alors qu'un jeu basé sur la piraterie pourrait être intéressant, et c'est ainsi que démarre l'enfer du développement de Skull & Bones...
Sans vous refaire tout l'historique, le projet est passé d'une console à l'autre, d'un genre à un autre, a subi différents reboots créatifs et dans le développement même, sans oublier les multiples reports...
Au bout du compte, le produit final est un jeu service qui n'a plus grand chose à voir avec le projet de base. Et c'est sans doute l'une des explications de la chute, ce genre de jeu se basant sur l'engagement des joueurs et une boucle de gameplay souvent limitée. Autant dire que l'ensemble doit être bien soigné pour donner envie d'y rester...
Hissez le pavillon noir !
Une technique qui prend l'eau
Si la direction artistique de Skull & Bones est particulièrement réussie et nous plonge rapidement dans l'ambiance de piraterie, les visuels en eux-mêmes sont en revanche assez datés, notamment les modèles de personnages et les animations qui nous ramènent quelques années en arrière.
On a ainsi parfois l'impression de revoir Black Flag en action, comme si UbiSoft avait du mal à avancer sur ces éléments. Heureusement, le jeu est plutôt fluide et cela ne nuit évidemment en rien à l'expérience.
Côté son, les doublages oscillent entre le moyen voire passable et le sympathique, ce qui n'aide pas vraiment l'immersion, et les musiques sont assez agréable, surtout les sea shanties une fois en mer.
Si vous cherchez l'élément le plus pirate du jeu, je crois que c'est leur présence, qui fait vraiment du bien.
Une direction artistique réussie
Du loot et des améliorations et... C'est tout
Venons-en maintenant au véritable coeur du jeu : le gameplay. Et c'est là que l'on va commencer à déjà voir les limites de Skull & Bones...
Si vous vous attendez à vivre la vie excitante d'un pirate, avec combats au sabre et au pistolet, chasse au trésor au sol... Vous pouvez oublier ! Skull & Bones se passe en intégralité sur votre navire et uniquement votre navire. Tout au plus aurez-vous le droit de vous déplacer et voir votre personnage dans les différentes îles, mais ça s'arrête là, aucune possibilité ne vous sera offerte à pied, à part parler aux PNJ.
Ces limites se voient littéralement dès le début du jeu : après le naufrage initial, il vous est demandé de récupérer une cargaison pour avoir en échange le cap vers Ste-Anne, repaire de pirates. Bien évidemment, le personnage vous fait bien comprendre sous les insultes qu'il ne vous donnera pas finalement pas ce cap. Dans ce genre, vous pensez pouvoir l'acheter, l'intimider, voire carrément le frapper pour lui faire cracher le morceau. Sauf que non : il n'y a aucun choix de dialogue, aucune possibilité d'action, vous repartez simplement, limite en vous excusant du dérangement. Dès cet instant, vous comprenez les limites du côté pirate du jeu.
Heureusement, il y a les combats navals, et on retrouve là l'expertise d'UbiSoft sur le sujet depuis Black Flag. Les combats sont en effet nerveux et efficaces, et demanderont un effort à la visée pour atteindre les points les plus faibles (bien souvent au niveau de la ligne de flottaison).
C'est un réel plaisir que d'envoyer des bordées de canon et se replacer pour pouvoir optimiser les tirs par rapport au temps de recharge, d'autant que vous pouvez trouver différents types de canons et mortiers à mesure que vous avancez.
Hélas, l'expérience est ternie par deux éléments : d'abord, l'abordage se résume à envoyer les grappins pour avoir un message disant que l'abordage est réussi, et on passe au suivant. Pas d'abordage réel, pas de combat face à l'équipage, rien à part un petit message.
Le second problème est que la boucle de gameplay se dévoile et nous montre ses limites et sa répétitivité : vous acceptez une mission, vous récupérez du butin, vous améliorez votre navire, et vous recommencez. Le scénario n'existe pour ainsi dire pas et n'est qu'un vague prétexte à vous envoyer écumer des mers peu peuplées pour vaguement éliminer quelques navires (IA ou autres joueurs) et juste vous faire grimper les échelons de la réputation à force de boucler les missions pour améliorer votre navire.
C'est très vite répétitif et initéressant...
Des combats assez rythmés
Un coup d'épée dans l'eau
Au bout du compte, que restera-t-il de Skull & Bones ?
Quelques batailles navales réussies au milieu d'un océan d'idées inintéressantes. Un projet prometteur perdu dans les errements d'un développement qui ne savait pas où il allait. Un jeu service qui ne mise que sur un élément pour convaincre les gens de rester en attendant la suite.
Dans une industrie saine, ce projet aurait été annulé depuis longtemps tant il ne menait nulle part. Aujourd'hui, nous nous trouvons plus face à une ébauche qu'à un jeu digne de ce nom, et si Yves Guillemot veut vraiment lancer l'idée du AAAA avec ce titre, à peu près tout le monde sera d'accord pour dire qu'il faut enterrer le concept.
Si vous vouliez une expérience piraterie, il vaut mieux ressortir des titres comme Black Flag. Si le seul côté bataille navale vous intéresse, Skull & Bones pourrait éventuellement faire votre bonheur, mais il ne faut vraiment pas en attendre plus.