En conclusion : Anno 117: Pax Romana réussit le pari difficile de moderniser la licence tout en l’ancrant dans une époque nouvelle et inspirante. Exigeant, riche, parfois dense au point de dérouter, le jeu récompense la patience et l’envie de planifier. Sa réussite artistique, son ampleur de contenu et son adaptation console soignée en font un titre majeur pour les amateurs de gestion. Certes, quelques lourdeurs techniques et ergonomiques persistent, mais elles n’entament pas le plaisir d’édifier, de faire prospérer et de façonner une province romaine au fil des heures. Un opus ambitieux, profondément fidèle à l’esprit Anno, et probablement l’un des city-builders les plus aboutis de ces dernières années.
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Depuis plus de vingt-cinq ans, la série Anno s’est imposée comme l’une des références du city-builder, mêlant construction urbaine, commerce, logistique et diplomatie.
La licence, développée par Ubisoft Mainz et éditée par Ubisoft, a su traverser les époques avec succès, de l’ère coloniale d’Anno 1602 à l’industrialisation d’Anno 1800, en passant par des mondes imaginaires et futuristes. Chaque épisode a su renouveler la formule tout en conservant son identité : un mélange de profondeur stratégique et de détails minutieux dans la gestion des cités.
Avec Anno 117: Pax Romana, Ubisoft Mainz relève un défi ambitieux : transposer l’esprit de la série dans l’Antiquité romaine, un cadre inédit pour la franchise. L’objectif est de conserver la richesse du gameplay et la complexité des chaînes de production, tout en offrant un univers immersif et majestueux, fidèle à l’ADN de la série. Ce choix d’époque apporte un souffle nouveau, tout en capitalisant sur l’expérience et le savoir-faire d’Ubisoft Mainz dans le domaine des city-builders modernes.
Dans la peau d’un gouverneur
Le joueur incarne un gouverneur romain chargé de développer une province de l’Empire en pleine Pax Romana. Le contexte narratif est volontairement discret : il ne prétend pas raconter l’Histoire avec exactitude, mais s’appuie sur une ambiance romaine stylisée pour donner un cadre cohérent aux mécaniques de construction, d’économie et de gestion sociale.
Les premiers pas dans l’aventure se font par petites touches : une province à prendre en charge, quelques missions introductives, la découverte progressive des dynamiques de population et des interactions entre infrastructures. La narration ne cherche pas à s’imposer, mais à laisser la place à l’imagination et au plaisir de bâtir. Les villes se dessinent, les ports s’animent, les marchés bruissent d’activité, et l’on se retrouve assez vite absorbé par la vie de sa province, entre stabilité politique, commerce florissant et tensions sociales sous-jacentes.
Cette sobriété narrative fait le choix de la suggestion plutôt que de la démonstration, laissant la construction et l’observation devenir les véritables moteurs immersifs.

Un city-builder qui nous plonge dans la PAX ROMANA
Un gameplay traditionnel enrichi
Au-delà de son changement d’époque, Anno 117 étend les mécaniques traditionnelles de la licence. La province de départ détermine d’emblée une orientation stratégique : ressources abondantes ou rares, routes commerciales favorables ou isolées, contraintes topographiques, cultures locales influentes; autant d’éléments qui transforment chaque partie en une expérience distincte.
Les chaînes de production gagnent en nuance et en interdépendance, rendant indispensable une planification fine du tissu urbain. Les habitants affichent des besoins plus variés et plus sensibles, les quartiers doivent être spécialisés intelligemment, et la gestion de la satisfaction, de la culture ou des infrastructures religieuses devient un enjeu central. Tout concourt à donner à chaque ville une identité forte et logique, façonnée par les décisions du joueur.
L’adaptation du jeu sur console, notamment sur PlayStation 5, constitue cependant l’une des plus belles surprises. Les city-builders perdent souvent beaucoup de leur confort sur manette, mais Ubisoft a fourni un effort notable pour rendre l’ergonomie naturelle à la manette : menus radiaux, raccourcis assignés aux gâchettes, accès rapide aux outils de construction, navigation fluide sur la carte. L’ensemble n’atteint pas la précision de la souris, notamment dans les menus avancés où l’information peut submerger, mais la prise en main se révèle nettement plus intuitive que prévu.
Le didacticiel, pensé comme un véritable parcours progressif, facilite largement cette transition. Il accompagne les premières heures avec pédagogie, expliquant tour à tour les systèmes de production, la logique de placement, la gestion de population ou encore la manipulation de l’interface. Il ne couvre naturellement pas toute la richesse du titre, mais pose des bases solides qui permettent de s’approprier rapidement le rythme et les enjeux d’Anno. Sur PS5, la manette DualSense ajoute quelques retours haptiques légers lors de constructions ou de validations, renforçant la sensation de contrôle sans surcharger l’expérience.
Avec cette refonte ergonomique, Anno 117 parvient à offrir un city-builder complet, dense et exigeant, tout en demeurant accessible sur console; un équilibre rare pour le genre.

De beaux panoramas
Une Antiquité vivante mais pas sans limites
Visuellement, le titre impressionne par sa direction artistique. Les villes romaines, les villas, les temples, les amphithéâtres, les marchés, ainsi que les zones rurales ou côtières bénéficient d’un soin particulier. Les animations de population, le cycle jour-nuit, les variations d’ambiance et les détails architecturaux contribuent à donner vie à cet empire miniature.
L’immersion est renforcée par un travail audio solide : musiques inspirées, chants, bruits de foule, effets de construction et de navigation maritime, tout participe à cette sensation de cité animée et cohérente.
La technique, toutefois, accuse certaines faiblesses : des baisses de fluidité peuvent survenir lorsque les villes deviennent très grandes ou lorsque les chaînes de production sont particulièrement complexes. L’interface, malgré de réels efforts, reste parfois encombrée, dense, et peut dérouter par sa surcharge visuelle. Les temps de chargement restent maîtrisés, mais l’ensemble souffre çà et là d’un manque de clarté qui contraste avec la qualité générale de la direction artistique.
Ces imperfections n’occultent pas la réussite globale : Anno 117 propose un monde vivant, cohérent et captivant, fidèle à l’identité contemplative de la série, tout en lui apportant un souffle historique inédit.

Même sur la mer il y a de quoi faire