Le froid. Le noir. L'odeur de la mort. Vous vous réveillez au cimetière et vous comprenez que les griffes de la Mort se sont emparées de vous... Mais ce n'est pas encore le pire, qui arrive alors que vous plongez dans un monde cauchemardesque, empli de morts-vivants et d'autres créatures, et où vous mourez à nouveau sans cesse pour mieux renaître et recommencer à vous battre. Un cycle éternel qui s'écoule inlassablement, tel Sisyphe poussant son rocher... Il est temps d'entamer votre douloureux voyage en Lothric pour ramener les Seigneurs sur leurs trônes...
La beauté de l'horreur et de la mortQuand From Software rend beau l'horrible...
Si je vous dis "Ambiance gothique", vous allez spontanément me répondre des noms comme Tim Burton, Dracula, les films de la Hammer, ce genre de choses... Imaginez maintenant que ces univers prennent vie sous vos yeux et s'incarnent dans une fabuleuse épopée med fantasy aux graphismes fins et détaillés, qui viennent sublimer l'horreur que vous vivez pour la rendre juste sublime. Voilà ce qu'est Dark Souls III : l'horreur la plus indicible et des créatures dignes de Lovecraft dans un écrin de toute beauté qui vient rappeler les plus belles œuvres d'art. Sans aucun doute un des plus beaux jeux de la PS4 à ce jour.
L'ambiance est d'autant plus assurée que la musique est incroyablement discrète. Si le jeu est digne d'un survival horror la plupart du temps, avec son absence de sons autres que le bruit de vos pas et les hurlements de vos adversaires, le moindre combat de boss s'accompagne d'un thème si furieusement épique et puissant que l'on se sent digne de Saint Georges terrassant le dragon (et vu le niveau demandé pour survivre à ce jeu, c'est tout à fait comparable).
Les années 90 emballées dans la technique moderne
On le sait depuis Demon's Souls, From Software s'est fait expert d'un style de jeu que l'on pensait disparu depuis les années 90 : le die and retry. Et mourir, ça va vous arriver souvent... Il vous faudra sans cesse être sur vos gardes et mémoriser ce qu'il vous arrive, parce que, encore une fois, même le premier ennemi de base venu peut être mortel si vous ne prêtez pas assez attention à ce que vous faites...
Quant à abattre les Héritiers du Feu, là, ce sera véritablement une épreuve de force. Heureusement, vous pourrez faire appel à d'autres joueurs ayant laissé une marque d'invocation pour vous aider. L'entraide est en effet de rigueur en Lothric, via les messages ou ces marques... Quand on n'envahit pas votre partie pour vous démolir et vous dépouiller (ce que vous pouvez évidemment faire avec les autres joueurs). Cela dit, si vous voulez éviter ce second cas de figure, n'hésitez pas à jouer hors ligne, la possibilité étant accessible.
Les âmes errantes se massent...Et elles servent à tout
Le Sanctuaire de Lige-Feu, une fois atteint, sera votre meilleur ami (et ça suppose de l'atteindre en ayant vaincu Ludex Gundyr, ce qui pourrait déjà provoquer quelques petites poussées de rage...). Il agit en effet comme un HUB central, accessible à tout moment via la téléportation depuis un autre feu. Vous y trouverez une marchande, un forgeron, d'autres PNJ que vous aure aidés et qui l'auront rejoint... Et surtout une mystérieuse prêtresse qui vous permettra de passer vos niveaux.
Tout cela consommant évidemment des âmes durement amassées à force d'éliminer des ennemis (en évitant de les perdre en se faisant tuer, bien sûr, d'autant que mourir sur le chemin pour les récupérer revient à les perdre définitivement).
Vous aurez compris, la recette reste dans l'ensemble inchangée, et on retrouve vite ses marques si on tâté des deux premiers épisodes. C'est toujours aussi diablement efficace et magnifiquement gothique, ressuscitant un peu les années 90 dans son principe et nous ramenant à des sensations qu'on a tendance à oublier dans pas mal de jeux : l'inquiétude de ne pas savoir ce que l'on va croiser, la joie et le soulagement d'avoir vaincu un boss...
Comme ses prédécesseurs, Dark Souls III est une épreuve. Une épreuve qui vous demandera de sans cesse apprendre de vos erreurs pour vous améliorer et percer les mystères de Lothric. C'est la progression par l'échec dans ce qu'elle a de meilleur. Et dans une époque où on est envahis d'une relative facilité, de tutos toutes les 10 minutes, et de GPS (ni carte ni aide à la navigation ici, orientez-vous seuls), ça fait quand même du bien.
Beau, long, épique et, bien sûr, absolument intraitable et presque sadique, Dark Souls III vient permettre à From Software d'encore asseoir sa maîtrise de l'esthétique gothique et du "die and retry". S'il n'est pas accessible au premier venu, il vaut largement la peine, comme ses prédécesseurs, qu'on s'y attarde.
Les plus
Les moins