Découvert lors d'une preview cet été, Twin Mirror est un thriller psychologique réussi, proposant un scénario classique bien qu'intéressant, une réalisation cinématographique et un travail des personnages approfondi pour certains. Mais malheureusement beaucoup moins pour d'autres. Très joli dans son ensemble, l’OST et la version originale contribuent à rendre ce jeu aussi contemplatif que jouable. L’aspect psychologique retranscrit par le Palais Mental et l’Alter Ego sont la pierre angulaire du jeu.
Les plus
Les moins
Découvert en début d’été dernier lors d’un Hands-Off, la preview avait attiré notre curiosité chez PSMag. Le jeu définitif suit-il ce constat ? Faut-il s’essayer à ce thriller psychologique du studio DONTNOD Entertainment ? Notre avis est dans ces quelques lignes.
Life is Sam
Le studio parisien, DONTNOD Entertainment, n’est plus à présenter. Première production du studio en tant que développeur et éditeur, cette double casquette est importante puisqu’à l’occasion de la sortie de Twin Mirror, DONTNOD Entertainment abandonne le format épisodique pour un jeu disponible dans sa globalité immédiatement. Une bonne chose !
Twin Mirror suit la continuité des autres productions en proposant un gameplay se basant sur l’Interactive Drama, ce genre où l’on suit un personnage à la troisième personne et où les choix influencent la suite de l’histoire.
Le nouveau bébé de DONTNOD suit ce moule totalement durant les cinq heures qui permettent de connaître l’une des cinq fins possibles.
La replay value est donc de mise et permet de replonger dans cette aventure singulière mais rondement menée par le studio. Entendez par là que même si le thème reste classique, le travail réalisé pousse à la poursuite de l’aventure. Le fan reviendra dessus plusieurs fois, histoire d’exploiter tous les méandres du scénario.
Sam et la fille de son meilleur ami décédé
Sam revient
Twin Mirror nous raconte l’histoire de Sam Higgs, un ancien journaliste d’investigation qui revient dans sa bourgade, deux années après l’avoir quittée précipitamment.
Basswood est cette ville fictive de la Virginie occidentale, entourée de forêts et dont l’activité économique principale était l’exploitation d’une mine (elle a fermé depuis...).
Sam est contraint de revenir, suite à la mort accidentel de son meilleur ami, Nick. Assez rapidement, Sam apprend et en déduit qu’il ne s’agit pas d’un simple accident.
On arrête ici pour le scénario qui est le cœur du jeu et qui est à découvrir en fonction des choix du joueur, le grand pouvoir tant apprécié de ce genre.
La personnalité de Sam, la rencontre avec d’anciennes connaissances et Basswood comme personnage à part entière offrent une grande qualité d’écriture. On sent bien ce sentiment d’étouffement, de fuite ou de fatalité de la chose.
DONTNOD offre une écriture simple et la plupart des personnages principaux sont extrêmement bien construits, c’est moins le cas pour d’autres.
Voici un choix crucial dans l'histoire
Sam enquête
Mais revenons à notre Sam : il tente donc de lever le voile sur cette tragédie débutant sur l’enterrement et la veillée de son ami. Lors de cette soirée un peu spéciale au bar de la ville, Sam fait la rencontre plus ou moins glorieuse de ses anciens voisins, occasion de délimiter un peu le pitch du jeu et de commencer à comprendre certaines choses.
Car ce qui est excellent dans Twin Mirror, c’est que nous sommes parachutés dans une scène de vie où le fait de parler et d’observer permet de lever le voile sur les questions que se pose le joueur.
Après une nuit trop arrosée, Sam se réveille avec une belle gueule de bois et il retrouve sa chemise de la veille maculée de sang….
Sam, Anna et son alter ego
Sam Watson
Sam dispose de quelques facultés pour mener à bien son investigation. Emprunté à un certain Sherlock, le Palais Mental peut être déclenché lors de certains passages du jeu et à la découverte d’un nouvel objet. Il met le jeu en pause et Sam part dans un lieu lumineux et cristallin où il peut prendre quelques minutes pour faire appel à certains souvenirs.
Le Palais Mental permet aussi de reconstituer une scène. Lors de certains niveaux (ils sont au nombre de 16), Sam doit fouiller les lieux pour y recueillir des indices. Lorsque tous les indices sont récupérés, il peut ainsi jouer dans son esprit les différents scénarios et y trouver le bon.
Malheureusement, tant qu'on ne trouve pas la bonne solution, on recommence indéfiniment. Il n’y a pas de mauvais choix de ce côté.
Comme dans ce genre, les dialogues sont primordiaux et Sam dispose de différents choix, chronométrés ou non. Notre héros a souvent des conseils de la part de son double (ou alter ego), un personnage fictif qui l'accompagne. Tout est figé et Sam échange avec ce dernier. A chaque fin de dialogue, le joueur doit faire un choix plus ou moins important sur la suite de l’aventure.
Comme on peut le voir, on s’adonne plus à un film interactif où le joueur passe plus de temps à observer et discuter. Quelques puzzles jalonnent l’aventure mais ils sont vite terminés et sont relativement dispensables.
Mais on est clairement dans le genre sans prise de risques. Critiquable ? Pas vraiment. Le scénario s’y prête totalement.
Le Palais Mental de Sam
Sam aux petits oignons
Côté réalisation, DONTNOD Entertainment nous propose un jeu très abouti.
Pouvant rebuter certains joueurs, le jeu est en version originale sous-titrée français. Le jeu des acteurs est réussi.
La bande originale suit la même voix. Le titre est jalonné de morceaux collant à l’ambiance du jeu. Sean Rowe, Red Tail Ring, Low, groupes de folk, de rock… Le tout s’intègre parfaitement au jeu.
Côté réalisation, le test sur PlayStation 5 n’apporte aucune amélioration notable. Les chargements restent longs et peuvent casser le rythme.
Le jeu est très joli offrant divers lieux de Basswood et dans l’esprit de Sam d’une grande qualité. Le prologue au belvédère surplombant la ville nous titille la rétine avec de beaux effets d’éclairages et de brume. Le jeu est détaillé et la fluidité de l’Unreal Engine est au rendez-vous.
Les personnages sont également convaincants (même après avoir goûté à ceux de The Last of Us 2). Ils sont assez expressifs pour véhiculer les sentiments. Sam et Bug (la fille de Nick) sont attachants.
Le jeu surprend également dans le bon sens par des plans et une réalisation cinématographiques. On en redemande.
Ce côté découverte de la psychologie, des choix moraux ne peuvent pas laisser indifférent le joueur.
Le jeu propose de très jolis lieux