Version Éditeur
S’il y a des choses qui nous surprennent sans cesse dans le gaming, ce sont les épiphénomènes qui sortent de nulle part et qui bousculent souvent nos petites habitudes. Un mal pour un bien nous direz-vous et nous acquiesçons de toute notre âme. Alors non, il n’y aura aucune annonce renversante dans ce présent test mais le récit d’une bien belle idée conçue et publiée par le studio Tribetoy. Voyez plutôt: en août 2018 sortait Bow to Blood sur PSVR qui avère plus que correct en dépit de ce satané motion sickness ressenti par certains d’entre nous (nous en sommes également!). Jusqu’ici rien de bien fou. Sauf qu’en ce début d’année 2019, le titre s’offre un nom à rallonge et une bonne grosse mise à jour qui en plus de multiples ajouts nous permet de s’introduire dans l’univers du titre à la manette. C’est en cela que nous sommes admiratifs. Sans même allumer sa console, le soft fascine par la question intrinsèque qu’il soulève: un jeu pensé pour le casque de réalité virtuelle peut-il être honorable sans cette fonction? Si Resident Evil 7 répondait partiellement à la question, les 2 expériences étant totalement différentes selon l’utilisation ou non de la VR, les développeurs de notre sujet du jour ont eu le culot de repenser leur jeu pour nous proposer une toute autre façon d’aborder (ahah!) leur production. Reste à savoir si la conversion se fait sans anicroche.
The last of us
Concrètement, Bow to Blood est un mariage improbable entre le pilotage d’un vaisseau volant et une émission de télévision. Vous êtes le capitaine de votre navire et devez affronter 7 de vos comparses lors des 7 matchs de la saison. Première originalité du concept: abandonnez toute idée de shmup, le jeu ne part clairement pas dans cette direction puisque c’est la voie stratégique qui vous guidera jusqu’au triomphe. Pour survivre et aller au match suivant il va falloir marquer des points lors de 2 phases bien distinctes (nous y reviendrons) car à la fin, un tableau de classement sera établi. Et les 2 derniers seront soumis au vote des autres capitaines pour savoir qui quittera l’aventure et qui la poursuit. Une composante multi aurait pu de fait être fun, mais cela ne relève que du fantasme: Bow To Blood, “le voyage en solitaire”.
Cela vous rappelle quelque chose? Vous avez raison, le titre pastiche avec brio les codes de la télé-réalité sous toutes ses formes: là aussi vous devrez vous arranger avec les autres, leur filer un coup de pouce ou au contraire refuser, créer des alliances et les trahir...complet au possible, rien de bien complexe une fois le tout assimilé ce qui prend un peu de temps quitte à rendre votre première saison un peu chaotique. Cependant le jeu vous laisse prendre en compte le caractère spécifique de chaque intervenant et vous laisse réfléchir sur les conséquences de vos actes et franchement, la formule fonctionne bien.
Enfin “bien”...même si les niveaux sont générés de manière procédurale, garantissant une expérience moins monotone et durée de vie riche, certaines situations auront fatalement tendance à se ressembler. De plus, autant être honnêtes: si la langue anglaise n’est pas maîtrisée un minimum, il y a de fortes chances que vous passiez à côté de features essentielles au trip. Commentaires de l’animateur un peu barré, chambrage entre les
2 membres de votre équipage, consignes à respecter, tout cela nécessite un ratio de compréhension même si par empirisme vous pourriez vous en sortir.
Mais comme Bow To Blood mise sur son ambiance, le faire sans tout piger promet une expérience totalement tronquée.
T’as beau pas être Bow
Les seuls vrais reproches que nous adressons au jeu ne se limitent pas qu’à la technique. Cependant il faut toutefois vous prévenir que si Bow to Blood dispose d’une direction artistique vraiment affirmée avec des vaisseaux qui transpirent la coolitude, on ne peut pas en dire autant de son moteur graphique. Certaines arènes sont ainsi bien vides et toutes pétées d’aliasing assez féroce qui nous rappelle parfois les mauvaises heures du cell-shading sur PS2. En outre, le style reste bien présent et n’oublions pas que nous sommes face à un jeu produit à la base pour la VR.
Sauf que d’autres petits ratages sont plus gênants: si on passera l’éponge sur une synchro labiale partie cueillir des fraises, le sound-design se saborde par sa trop grande discrétion. Pas d’OST mémorable et des bruitages plutôt quelconques, à l’image de cette foule dans l’arène qui ne nous a pas fait ressentir d’émotion sans toutefois nous agacer. Vraiment dommage lorsque nous pensons aux doublages réussis saupoudrés de punchlines bien senties.
Concernant la jouabilité au pad, nous avons mesuré pour vous le fait que 10 doigts, c’est peu. Il y a des tas de possibilités qui nécessitent de tapoter sur plein de touches dont les emplacements nous ont au début franchement désorientés. Par opposition, quand le plat est digéré cela se passe bien mieux et on se retrouve avec une maniabilité bien foutue à défaut d’être instinctive. On pourra râler contre cette organisation mais nous réitérons: Bow To Blood est étoffé et calibré comme tel. Nous apprécions en ce sens la vitesse du jeu juste parfaite pour pouvoir tout comprendre et ne pas laisser trop de place au hasard dans nos actions. Si le rythme nous a semblé relativement lent au début, cette impression s’est dissipée au fur et à mesure de notre avancée et nous nous y sommes adaptés, admettant sa justesse.
Profitez aussi du temps en cabine (des sponsors pourraient vous faire des offrandes...), et reprenez votre souffle pour suivre l’état des vos choix, répondre à une éventuelle menace d’un ennemi et vous préparer à retourner dans la fosse des requins.
“Ô capitaine, mon capitaine”
Lié à votre navire, jouet des Overseers (les organisateurs de l’émission), il va falloir aussi batailler pour s’en sortir. Et il ne faudra surtout pas lésiner sur les moyens et s’adapter à toute situation. La grande force de Bow To Blood réside dans sa vision de la gestion d’un combat. Comme nous vous le disions plus haut, un match se joue en 2 étapes où vous devez marquer un maximum de points. La première vous laisse dans une exploration libre afin de trouver l’objet permettant d’aller en phase 2. La subtilité est que la seule contrainte...ce sera vous. Agressés par des drones, à vous de les dégommer mais rappelez-vous que les dégâts subis en étape 1 sont conservés en étape 2. Alors que faire? Rester encore un peu à la découverte de loot ou pour marquer des points? Au contraire partir le plus vite possible pour être au taquet lorsqu’il sera temps de se mesurer à vos rivaux? Vous êtes seul maître à bord.
Les empoignades de la seconde phase ne sont pas en reste. Plus intenses, à vous de faire le maximum pour que votre vaisseau ne termine pas en fumée et cela peut aller très vite.
Et à chaque fois, à vous de voir si vous voulez tenter l’expérience de plonger dans la brume! Vous y perdez en O2, et vous vous doutez du résultat si vous tombez à 0, mais certains trésors pourraient vous y attendre. La prise de risque est donc de votre responsabilité et il est appréciable de constater que le titre nous donne les clés en nous laissant gérer leur usage.
Piloter votre navire ne sera pas une mince affaire, et comprendre l’utilité de vos 2 matelots sera indispensable. A vous de les affecter sur les 5 consoles disponibles, ajoutant un boost offensif, bouclier ou rythme de croisière pour ne citer qu’eux. A titre d’exemple, si votre bateau dispose de 2 vitesses pour avancer, affecter un membre de votre équipage sur la bonne partie permet de disposer d’une 3ème. Pratique quand on cherche à se faire la malle! On se remettra aussi à eux pour les réparations nécessaires, et il y en aura...
Une situation, plusieurs solutions. Comme résister au coup de grisou avant de contre-attaquer ou alors mener l’assaut par vagues, les fonctionnalités sont énormes et les efforts du studio pour rendre le tout cohérent se ressentent.
Et encore, ce n’est pas fini: il faudra aussi définir l’utilisation de l’essence. 6 points à répartir sur 4 systèmes pouvant en accueillir 3 afin de brouiller les capteurs adverses ou encore rendre vos armes perforantes et le concept est rôdé sans provoquer l’écoeurement. Le fait de devoir faire attention à tout donne une sensation d’être vraiment sur un navire et l’improvisation dans l’urgence offre un dynamisme aux joutes, stratégiques et intenses.
Terre en vue. Objectif atteint.
Nous sommes restés bouches bées devant tant de générosité et de ressources pour ce qu’on appelle injustement “un petit jeu”. Peu enclin à se laisser apprivoiser par tout le monde, Bow To Blood: Last Captain Standing assure la déclinaison de son concept et se donne des moyens pléthoriques pour le faire. Vous en parler plus reviendrait à paraphraser car derrière un habillage parfois désuet se cache une multitude de possibilités qui nous entraînent à enchaîner les saisons. Reste évidemment l’obstacle de l’appropriation des codes mais si vous vous sentez en mesure de prendre le temps avant d’exploiter le potentiel du jeu, il est fort probable que votre adhésion soit totale. Pas franchement évident, Bow To Blood: Last Captain Standing est de ceux dont la couche de vernis de sa coque doit être grattée plusieurs fois avant d’y trouver son compte.
Les plus
Les moins